Candidat tardif dans la course à l’investiture démocrate Michael Bloomberg a participé à son premier débat le 19 février à Las Vegas. Son objectif : utiliser sa force de frappe financière pour se démarquer lors du super Tuesday du 3 mars. Ce qui effraie les autres prétendants de son parti .

C’est un homme d’affaires, il est septuagénaire, médiatique et milliardaire et, non, il ne s’appelle pas Donald Trump mais Michael Bloomberg, ancien maire de New York et, depuis que le 24 novembre il créait la surprise en annonçant sa candidature à l’investiture du Parti démocrate, potentiel adversaire de l’actuel Président en 2020.

En mars dernier, il avait pourtant déclaré renoncer à se présenter, mais cela, c’était avant. Avant que le locataire de la Maison Blanche ne s’enfonce un peu plus dans le scandale de « l’affaire ukrainienne » et avant que les candidats démocrates ne lui apparaissent pas de taille à le battre. Sans compter que, pour celui qui fût d’abord démocrate, puis républicain avant de devenir indépendant et il y a dix-huit mois de réintégrer le camp démocrate, un revirement est toujours possible. Surtout lorsque, comme aujourd’hui, celui-ci se justifie par une urgence nationale…

Urgence nationale

Et pour Michael Bloomberg, convaincu que les États-Unis pourraient ne pas se relever d’un second mandat Trump, c’est bien de cela qu’il s’agit. « Nous ne pouvons pas nous permettre pendant quatre années de plus la politique irréfléchie et contraire à l’éthique du président Trump, a-t-il déclaré. Il représente une crise existentielle pour notre pays et nos valeurs, s’il gagne un nouveau mandat, nous ne serons pas en mesure de réparer les dégâts qu’il a causés ». Aux grands maux, les grands remèdes : pour accompagner sa candidature et faire oublier son retard au démarrage – Bernie Sanders, Elisabeth Warren et Joe Biden ayant officialisé la leur il y a des mois… – l’ancien maire de New York a frappé fort en investissant 100 millions de dollars dans des spots de campagne télévisés en prévision du super Tuesday du 3 mars. Et ce n’est qu’un début destiné à doper sa popularité dans les premiers états à organiser les Primaires.  De toute évidence, Michael Bloomberg entend se donner les moyens de son ambition. Ça tombe bien, il peut se le permettre, et pas uniquement sur le plan financier.

« Trump de Gauche »

Car non seulement l’homme, neuvième fortune du monde selon le magazine Forbes, est à la tête de plus de 50 milliards de dollars, ce qui lui garantit la capacité de mettre des bouchées doubles d’ici le début des Primaires, le 3 février prochain, mais son parcours en fait un adversaire de poids. Comme il l'a déclaré lors du débat démocrate du 16 février, "Qui peut battre Donald Trump ? Et qui peut faire le travail s'il arrive à la Maison Blanche ? Je dirais que je suis le candidat qui peut faire ces deux choses".

À 77 ans, celui que Donald Trump surnommait « Mini Mike » en s’empressant de parier sur son échec à l’annonce de sa candidature, n’a pas exactement l’allure d’un débutant, que ce soit dans le monde des affaires – dans lequel la réussite du fondateur de l’agence Bloomberg n’est plus à démontrer – ou dans celui de la politique. Outre le bilan positif de ses trois mandats de maire de New York, il a pour lui un profil de progressiste qui devrait l’aider à rallier les électeurs de gauche auprès de qui il coche plusieurs cases parmi lesquelles celle du mariage gay auquel il s’est toujours montré favorable, celle de l’encadrement des armes à feu et, surtout, celle de la lutte contre le réchauffement climatique qui lui vaudra, il y a six ans, le titre d’envoyé spécial de l’ONU pour les villes et les climats. À cela s’ajoute une capacité à séduire les milieux financiers qui pourraient voir en lui une alternative rassurante après les prises de position un peu trop à gauche pour être jugées patronat-friendly d’Elizabeth Warren et Bernie Sanders.

Mea culpa

Voilà pour la colonne des plus. Reste celle des moins et ses points faibles qui, de l’avis de certains, pourraient l’empêcher de convaincre dans le camp démocrate. Parmi ceux-ci, le choix très critiqué à gauche d’une politique de lutte contre la criminalité fondée sur un principe de contrôles arbitraires – le « stop-and-frisk » – ayant, de l’avis de beaucoup, débouché sur une généralisation des contrôles au faciès essentiellement appliqués au minorités ethniques. Une ombre sur le bilan politique de Michael Bloomberg que celui-ci a tenté de circonscrire par une rapide séance de mea culpa, le jour de l’annonce de sa candidature, mais qui pourrait durablement ternir son image de centriste modéré. Tout comme sa fortune colossale laquelle, selon Bernie Sanders et beaucoup d’autres, lui permet aujourd’hui de « contourner le processus politique pour acheter les élections ». 

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