Coronavirus, la Chine aurait-elle menti ?
En ce 7 avril 2020, le nombre de victimes du Coronavirus en Europe fait froid dans le dos : 16 523 en Italie, 13 728 en Espagne, 8 911 en France. Aux Etats-Unis, le nombre de dèces s'élève à 10 981 contre seulement 3 381 pour la Chine, pays le plus peuplé du monde et berceau de l’épidémie.
Etrange. Cela signifierait-il que le système chinois soit meilleur ? Le régime de Xi Jinping aurait-il mieux agit que les autres en matière de soins, de confinement, de tests ou de distribution de masques ? Ou bien aurait-il menti en cachant aux yeux du monde l’ampleur de la catastrophe ?
Les urnes (funéraires) ne mentent pas
Il semble que ce soit la seconde option qui l’emporte. La Chine aurait probablement sous-estimé le nombre de morts. Volontairement ou non. Plusieurs preuves, produites par des journalistes d’investigation ou partagées par des chinois ordinaires, concordent pour prouver le manque de transparence des autorités : le nombre d’urnes funéraires à Wuhan semble supérieur au nombre de morts officiels. Le nombre de décès dans la province du Hubei pourrait être de 40 000. Malgré une censure stricte, ces énormités statistiques se répandent comme une trainée de poudre dans l’Empire du Milieu. Elles contribuent à fragiliser le régime. Celui-ci a proclamé une victoire qui semble prématurée. Depuis quelques jours, des troubles secouent le pays le plus peuplé du monde. Des vidéos montrent notamment des ouvriers s’opposant à la fin progressive du confinement, jurant que le virus était encore virulent.
"Au début de l'épidémie, les soignants qui ont lancé l'alerte ont été accusé de trouble social"
Le docteur Li Wenliang, lanceur d'alerte décédé du virus est pour sa part réhabilité. Condamné au début de la crise, il est devenu une idole du régime, mais avant tout un symbole pour les nombreux chinois qui accusent les autorités d'avoir volontairement mis sous silence les premières voix alarmistes.
Il est donc logiquement possible que les médecins aient minimisé le nombre de patients soignés pour cause de Covid-19. Selon Marc Julienne, chercheur à l'Ifri et spécialiste de la Chine, "dès le début de l'épidémie, les soignants qui ont lancé l'alerte ont été accusés de trouble social". Conséquence, dans un pays où "les bonnes nouvelles remontent et les mauvaises nouvelles sont cachées", les autorités ont peut-être été mal informées de l'ampleur du désastre.
Autre moyen habile de cacher le nombre de morts : ne pas enregistrer les patients décédés du Coronavirus alors qu'ils souffraient en parallèle d'une autre pathologie. Ainsi, une personne cardiaque morte du Coronavirus peut facilement être enregistrée comme passée de vie à trépas suite à une crise cardiaque. Actuellement, rien n'indique que les chinois ont procédé de la sorte... Mais des soupçons pèsent. Et ils seront difficiles à dissiper dans un contexte ou le Covid-19 touche massivement les pays occidentaux.
Des milliers de morts sur la conscience
Avec cette attitude de déni, le régime chinois pourrait avoir des milliers de morts occidentaux sur la conscience. En expliquant que la situation était facilement contrôlable, certains pays européens, de bonne foi, ont cru la Chine sur parole et ont sous-estimé l’impact de l’épidémie. Les pays européens se sont préparés à une vague épidémique, mais celle-ci a été plus forte qu'attendue. Logique donc, que les premiers pays européens fortement touchés (Espagne et Italie) soient ceux dans lesquels le nombre de morts est le plus élevé.
Aujourd’hui, Pékin a beau jeu de vendre des masques et de jouer le beau rôle. Mais ce beau rôle comporte des zones d'ombre. Certes, la Chine, atelier du monde s'est remis à livrer des masques et des tests, une fois le gros de l'épidémie passé dans ses frontières. Mais les envois ne sont pas toujours conformes aux attentes. 600 000 tests reçus par l'Espagne se sont avérés defecteux tandis-que les Pays-Bas ont reçu 1,3 million de masques FFP2 qui ne fonctionnement pas. Attitude volontaire ou non ? Le mystère demeure. Il n’en reste pas moins que si les informations avaient été parfaitement partagées, le Covid-19 n’aurait pas probablement pas été aussi virulent.
Lucas Jakubowicz