La capitale des Alpes est la seule commune de plus de 100 000 habitants dirigée par des écologistes. Son maire, Éric Piolle, fait figure de grandissime favori pour le second tour.

Lyon, Strasbourg… Dans plusieurs grandes métropoles régionales, le second tour des élections municipales prend la forme d’un "tout sauf les Verts". Un choix que Bruno Studer, député LREM du Bas-Rhin, justifie par "le risque de laisser une ville à l’extrême gauche". Surtout que, lorsque celle-ci arrive aux manettes d’une ville de plus de 100 000 habitants, elle semble plutôt plébiscitée par les électeurs. Ce n’est pas Éric Piolle, maire écologistes de Grenoble qui dira le contraire.

Élu en 2014 à la tête de la capitale des Alpes, il part grandissime favori pour le second tour du 28 juin après être passé près d’une élection dès le premier tour (46,88%), soit un score de six points supérieur à celui de la dernière élection municipale. Il devance nettement l’ancien maire de droite Alain Carignon qui effectuait son grand retour (19,81%) ainsi que la député LREM de l’Isère Émilie Chalas qui réalise une contreperformance (13,75%) et le candidat PS Olivier Noblecourt (13,3%).

Une action qui divise

Pourtant, l’action menée par Éric Piolle et ses équipes est contestée. Certains aspects de sa gestion peuvent en effet poser question. L’opposition ne se lasse pas d’évoquer la pollution de l’air (véritable fléau local) qui ne diminue pas, un prix de l’immobilier en repli, des fermetures de bibliothèques, une bétonisation de la Bastille, poumon vert de la ville ou encore un taux de vacance des locaux commerciaux deux fois plus élevé que les autres communes de plus de 100 000 habitants…

Sans compter l’insécurité, le trafic de drogue et l’activisme de cellules d’extrême gauche qui, fréquemment, font la Une des médias nationaux. Tout comme l’affaire du burkini lors de l’été 2019 au cours de laquelle le maire a été accusé de compromission sur les questions de laïcité. Ses positions en faveur de l’accueil des migrants, du mouvement nuit debout ou encore de la légalisation du cannabis donne des arguments aux opposants du maire. Tout en resserrant l’union de ses partisans.

En somme, l’ancien cadre de Hewlett Packard est dans une situation proche de celle d’Anne Hidalgo à Paris : une politique controversée, une image loin d’être consensuelle… Mais le soutien d’une partie non négligeable de la population.

Une opposition désunie

Pour s’imposer au second tour, Éric Piolle peut compter, comme en 2014, sur l’appui de nombreuses associations, des communistes mais aussi des insoumis, très puissants à Grenoble (lors du premier tour de la présidentielle de 2017, Jean-Luc Mélenchon a fini en tête dans la préfecture de l’Isère avec un score de 28,88%). Ce qui n’est pas une mince affaire puisque les forces de la gauche de la gauche brillent par leur capacité à mener des guerres picrocholines. Cette année encore, à Montpellier, les écologistes s’entredéchirent à travers quatre listes différentes. Ce qui n’est pas le cas à Grenoble qui peut bénéficier de l’autorité et de l’expérience du maire sortant pour mener une politique dite "de la pastèque", à savoir verte à l’extérieur, rouge à l’intérieur.

Face à cette coalition, l’opposition part désunie en présentant trois listes différentes au second tour. Les équipes d’Émilie Chalas ont pourtant tenté de rallier la liste socialiste d’Olivier Noblecourt. En vain puisqu’il a refusé la "collusion" avec une "liste qui reprend les orientations du gouvernement macroniste". Gouvernement macroniste auquel Olivier Noblecourt a pourtant été associé puisqu’il a occupé le poste de délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté jusqu’au 6 janvier 2020. De son côté, Alain Carignon fait office de pestiféré de la scène politique locale. Personne ne souhaite s’allier avec lui ; il ne souhaite faire liste commune avec personne. De quoi permettre à la majorité sortante de se renforcer.

Lucas Jakubowicz

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