Gérald Darmanin, un futur président de la République ?
En analysant le parcours des présidents de la Ve République, force est de constater que le maire de Tourcoing coche toutes les cases d’un possible hôte de l’Élysée. Pour devenir président un certain parcours scolaire est vivement conseillé. Sur les sept successeurs du Général, tous sauf l’énarque polytechnicien Valéry Giscard d’Estaing sont passés par les bancs de Sciences Po (anciennement École libre des sciences politiques), même si Nicolas Sarkozy n’a pas obtenu son diplôme. Cela tombe bien, Gérald Darmanin est diplômé de Sciences Po Lille.
Au-delà du parcours académique, tous les successeurs du fondateur de la Ve République peuvent se targuer d'un passé d’élu local, Emmanuel Macron faisant exception. Cantal, Puy-de-Dôme, Corrèze, Hauts-de-Seine, Nièvre… tous se sont taillés un fief assez tôt dans leur carrière politique. Gérald Darmanin suit également ce plan de carrière : élu député de la dixième circonscription du Nord à 30 ans, il conquiert la mairie de Tourcoing deux ans plus tard.
Bercy, Beauvau : les meilleurs tremplins
Si la construction d’un solide bastion est quasi-vitale pour occuper la tête de l’État, certains ministères semblent constituer de formidables accélérateurs de carrière. Sur les huit présidents de la République, quatre sont passés par un poste lié aux Finances publiques. Valéry Giscard d’Estaing fut secrétaire d’État aux Finances du 8 janvier 1959 au 18 janvier 1962 avant d’être promu ministre des Finances jusqu’en 1966. Avant de faire un grand retour en juin 1969… Une fonction qu’il ne quittera que pour succéder à Georges Pompidou. Jacques Chirac fut secrétaire d’État à l’Économie et aux Finances de mai 1968 à janvier 1971. Nicolas Sarkozy passa également brièvement par Bercy durant 7 mois en 2004. Emmanuel Macron, pour sa part, a utilisé son poste de grand argentier de l’Hexagone pour se bâtir une stature présidentielle. En s’installant dans le fauteuil de ministre de l’Action et des Comptes publics pendant un peu plus de trois ans, Gérald Darmanin marche, d’une certaine façon dans les traces de ses glorieux aînés.
Sa récente nomination à l’Intérieur est également un superbe coup politique puisque le rôle de premier flic de France a été occupé par François Mitterrand en pleine IV République sous le gouvernement de Pierre Mendès-France. Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac (durant trois mois) ont également occupé ce ministère stratégique. Ces deux responsables politiques, mentors de Gérald Darmanin sont passés à la fois par les Finances et par l’Intérieur.
Il semble donc qu’il s’agisse du "combo parfait" pour commencer à rêver d’un grand destin national. Consciemment ou non, lors du dernier remaniement, Emmanuel Macron a transformé Gérald Darmanin en poids lourd de la vie politique.
Chaque bord politique a son champion
Si l’on considère qu’un passage à Bercy et Beauvau transforme en potentiel présidentiable, constatons que gauche, droite républicaine et marcheurs possèdent chacun leur champion. Chez LR, François Baroin a été un ministre de l’Intérieur éphémère (un mois et 19 jours en 2007), mais un spécialiste des Finances de l’État (ministre du Budget de mars 2010 à juin 2011 et ministre de l’Economie de juin 2011 à mai 2012). Hasard ou non, il fait partie des noms les plus évoqués pour une candidature à la présidentielle de 2012…. Fort de ses passages au Budget et à l’Intérieur sous le quinquennat Hollande, Bernard Cazeneuve fait également figure de potentiel recours à gauche. Ceci n’est certes que de la politique fiction. Mais ces quelques données permettent de mieux comprendre pourquoi un trentenaire ambitieux comme Gérald Darmanin a fait tout son possible pour succéder à Christophe Castaner…
Lucas Jakubowicz