Vous craignez des discussions déprimantes à la table du réveillon ? Pas de panique. En prêtant attention à l’actualité des derniers mois, il existe quelques bonnes raisons de se réjouir.
Édito : Trouble-fête
Guerre en Ukraine, inflation, hausse des taux d’intérêt compliquant l’accès à la propriété, montée en puissance des partis extrémistes, transports en commun bondés aux prix prohibitifs, réchauffement climatique qui semble dépasser les pires prévisions… Les discussions familiales risquent d’être moroses autour de la table du réveillon. Mais, en prêtant attention à l’actualité des derniers mois, il existe quelques bonnes raisons d’éviter de mélanger antidépresseurs et champagne.
Les actions mises en place il y a plusieurs décennies pour lutter contre la disparition, alors quasi inexorable, d’espèces menacées portent leurs fruits. En Asie, le nombre de tigres sauvages est 40 % plus élevé que prévu. En Afrique, la population d’éléphants a triplé en trente ans au Kenya tandis que les gorilles des montagnes tombés sous la barre des 200 spécimens à la fin des années 1970 seraient aujourd’hui 1 200 et commencent à se sentir à l’étroit dans leurs réserves qui devraient s’étendre. Sur les îles Galapagos, les iguanes se reproduisent à nouveau à l’état sauvage. Si cette liste ne permet pas d’empêcher la réduction de la biodiversité, elle donne un peu d’espoir.
Parmi les convives, il y aura forcément un ronchon de service qui assénera que nous devenons de plus en plus stupides. N’hésitez pas à lui glisser entre la poire et le fromage que la France s’est distinguée en 2022 par deux prix Nobel : Alain Aspect en physique et Annie Ernaux en littérature. Ils ont respectivement 75 et 82 ans et n’incarnent pas forcément l’avenir ? Peut-être. Mais ils ont formé intellectuellement la nouvelle génération. Et Hugo Duminil-Copin, Français né en 1986, est l’un des lauréats de la médaille Fields qui couronne les meilleurs jeunes mathématiciens du globe.
Ils ne sont qu’une exception dans un océan d’idiocratie où l’inculture règne ? Répondez que les 3 500 librairies indépendantes de l’Hexagone se portent bien et que les Français lisent plus qu’il y a deux ans si l’on se fie aux chiffres de vente.
Rappelez-vous ces années où le chômage de masse faisait peser une épée de Damoclès au-dessus de nombreuses têtes. Cela ne semble plus d’actualité aujourd’hui. En France métropolitaine, son taux s’élève à 7,1 % et la probabilité de passer sous la barre des 7 % est réelle. Depuis 1998, cela n’est arrivé qu’un seul semestre en 2008. Désormais, c’est le manque de main[1]d’œuvre qui préoccupe. Ces quelques arguments sont limités par le nombre de signes permis par la maquette de cet édito. Mais soyez-en certains, il n’est pas nécessaire de chercher beaucoup pour trouver des raisons d’espérer. Haut les cœurs et très belles fêtes de fin d’année !
Lucas Jakubowicz