LFI, EELV, PS, LR, Renaissance, RN, Reconquête… Les principaux mouvements politiques profitent de la fin de l’été pour organiser leurs grands rassemblements, montrer leurs forces… Ou leurs divisions.
Rentrée politique : les partis montrent leurs muscles
C’est une tradition bien ancrée. À partir du mois d’août, les partis de l'Hexagone organisent tous de grands rassemblements. Objectifs : réunir militants et élus, organiser conférences et débat, compter leurs forces, ajuster leur ligne. Les plus ambitieux peuvent échafauder des complots pour grimper en interne. Voici ce qui va se passer durant ce cru 2023.
LFI, toujours plus radical
Les universités d’été de LFI auront lieu du 23 au 27 août à Châteauneuf-sur-Isère près de Valence pour la quatrième année de suite. L’évènement est un excellent observatoire pour assister aux évolutions politiques du parti de Jean-Luc Mélenchon. En 2019, le philosophe marxiste Henri Pena-Ruiz avait défendu le droit d’être "athéophobe comme on a le droit d’être islamophobe". Malgré quelques remous en interne, le "Boss" avait soutenu l’intellectuel au nom de la liberté d’expression et du débat. Les années passent et les Insoumis assument désormais leur ligne communautariste, populiste et radicale. Les "stars" de l’été en sont la preuve.
Seront présents la sociologue Monique Pinçon-Charlot, spécialiste des "ultra riches". Elle a fait parler d’elle avec ses propos complotistes durant la crise sanitaire en affirmant notamment que le virus était spécialement conçu pour "éliminer la partie la plus pauvre de l’humanité dont les riches n’ont plus besoin". Seront présents l’auteur Edouard Louis et le philosophe Geoffroy de Lagasnerie qui feraient passer les militants radicaux Insoumis pour des centristes pondérés. Le rappeur controversé Médine sera de la partie (lire ci-dessous).
EELV, "l’affaire Médine"
Les Verts semblent apprécier les coups d’éclat et le buzz lors de leurs universités d’été. Il y’a deux ans, Sandrine Rousseau avait commencé à se faire un nom en multipliant les propos polémiques à Poitiers. Cette année, le parti dirigé par Marine Tondelier se réunit au Havre et a choisi d’inviter le rappeur Médine pour une "explication de texte". Côté pile, il est engagé contre les violences policières et le racisme. Côté face, il a longtemps été proche de Dieudonné avec qui il a multiplié les quenelles, est un compagnon de route des milieux indigénistes, a tenu des propos homophobes qualifiant les musulmans chantres de l’intégration de "tarlouzes" ou a subtilement présenté son album Djihad au Bataclan peu après les attentats. Dans son tube Don’t laik, il appelle également à "crucifier les laicards comme à Golgotha". Si de nombreux sympathisants voient cela d’un mauvais œil, l’état-major ne compte pas reculer. Selon lui, s’opposer à sa venue c’est être proche de l’extrême droite. Désormais, pour être de gauche, il faut être pro Médine. La sauterie aura lieu du 24 au 26 août.
Parti socialiste, faire feu de tout Blois
Pour les militants socialistes, l’université d’été est the place to be. C’est le lieu où les courants se réunissent, dialoguent, synthétisent. De 1993 à 2020, l’évènement se déroulait à La Rochelle. Depuis 2020, cela se passe à Blois. Du 25 au 27 août, de nombreuses conférences sont organisées et le parti à la rose fait appel aux partis frères de la Nupes. Sont notamment attendus Yannick Jadot, les députés LFI Aurélie Trouvé et Clémentine Autain, la députée communiste Elsa Faucillon. Parmi les participants des responsables associatifs anciennement engagés en politique comme Benoît Hamon ou Emmanuelle Cosse mais aussi le sondeur Frédéric Dabi ou l’intellectuel Benjamin Morel.
La famille ne sera pas au complet puisque la présidente de la région Occitanie Carole Delga, l’une des plus ferventes opposantes à la Nupes, ne sera pas de la partie pour ne pas croiser Olivier Faure. Ambiance…
LR, une journée chez Ciotti
Le président du parti a choisi d’organiser la rentrée politique de son camp sur ses terres. Rendez-vous est donné le 27 août au grand pré de Levens dans l’arrière-pays niçois pour une journée seulement. Notons toutefois que les Jeunes LR organiseront leur propre évènement à Valence du 30 septembre au 1er octobre en présence de Laurent Wauquiez.
Reconquête, faire comme les autres
Le jeune mouvement d’Éric Zemmour essaie de s’installer dans la vie politique malgré son absence de députés à l’Assemblée nationale. Pour cela, il mise sur sa seconde université d’été prévue du 7 au 10 septembre dans un lieu à cheval entre le Var et les Hautes-Alpes. Au menu : formation de jeunes et de cadres, "banquet festif", "vente de produits régionaux", "associations patriotes". Et pour clôturer le tout un meeting du Patron.
RN, en terrain conquis
Du côté du RN, les universités d’été sont prévues le 16 et 17 septembre à Beaucaire dans le Gard. Un fief du parti d’extrême droite puisque Marine Le Pen avait obtenu 61% des suffrages au second tour de la dernière présidentielle. La ville est dirigée par le RN depuis 2014 et le parti y possède aussi la circonscription. Le mouvement affirme que les deux jours seront consacrés à la préparation des européennes. Autre mission : se présenter comme un parti de gouvernement et éviter les polémiques, les sorties sulfureuses et les invités susceptibles de générer un bad buzz.
Renaissance, la rentrée en retard
Le camp macroniste sera le dernier à organiser sa rentrée. Mais peut-on utiliser ce terme ? Le grand raout de Renaissance aura lieu du 6 ou 8 octobre à Bordeaux. Une ville symbolique puisque c’est là que LREM avait organisé sa première université d’été. Au moment où ces lignes sont rédigées, le programme n’est pas encore publié.
Lucas Jakubowicz