François Roux (Prism'emploi) : «Le CDI intérimaire est un bon outil de flexisécurité »
Décideurs. Quelles sont les grandes tendances du secteur du travail temporaire ?
François Roux. L’intérim a subi une crise significative en 2008 et connaît un redressement depuis 2015, avec une croissance modérée mais continue. Au cours de l’année 2016, l’emploi intérimaire progresse de 6,7 %. On compte aujourd’hui 635 000 équivalents temps plein et tous les secteurs sont en croissance, particulièrement le BTP, stimulé par des mesures fiscales incitatives entraînant le démarrage de nouveaux chantiers. Cela est lié au besoin de flexibilité de l‘économie française et à une certaine stabilité législative. Autre tendance, le transport et la logistique sont des secteurs se développant incontestablement.
Quel bilan peut-on faire du CDI intérimaire ?
Le CDI intérimaire (CDII) est très apprécié des entreprises mais aussi des candidats qui peuvent accéder plus aisément à davantage de droits, notamment l’obtention de crédits bancaires. Toutefois, il arrive que certains salariés refusent ce contrat et optent pour l’intérim classique pour choisir leurs missions et bénéficier des indemnités de fin de mission. Je crois que c’est un bon outil de flexisécurité sur le marché de l’emploi : un salaire minimal mensuel est garanti au salarié en CDII lors des périodes dites d’intermission, lesquelles peuvent être employées à des temps de formation professionnelle. La profession signe mille CDI intérimaires par mois, les 20 000 sont atteints début juillet. Le bilan est donc positif.
Comment voyez-vous le secteur évoluer dans les années à venir ?
L’intérim n’échappe pas à la digitalisation. De plus en plus, nous adoptons le format digital pour le rapprochement offre/demande. Cela passe par les tablettes, les smartphones, etc. Beaucoup d’agences d’emploi ont développé des plates-formes afin de s’adapter à l’ère du digital.
Nous souhaitons également mettre l’accent sur la formation : entre 2015 et 2016, le nombre d’actions de formations financées a été multiplié par 2,5, atteignant 67 000, versus 25 000. Nous sommes prescripteurs et souhaitons nous développer dans l’orientation et l’accompagnement. Sur le terrain, les agences le font déjà, c’est une compétence que nous souhaitons développer.
Propos recueillis par Roxane Croisier