Benjamin Desaint : Les poings serrés
Il y a ceux qui tombent amoureux du droit et se sentent investis d’une mission. Il y a les avocats de père en fils, qui exercent autant pour eux que pour l’histoire familiale. Et il y a ceux qui ont au droit un rapport plus distant, moins passionné, mais qui le pratiquent en artisans, avec le goût du travail bien fait et une forme de créativité décomplexée. Benjamin Desaint est de ceux-là.
Esprit matheux
Il possède un esprit scientifique. C’est d’ailleurs à la médecine qu’il se destinait en premier lieu avant de se détourner de cette voie et de s’inscrire en fac de droit, avec l’approbation de ses parents qui lui confirment, selon l’expression consacrée, que cela « mène à tout ». Au cours de ses études à l’université de Rouen, il découvre le droit du travail. La variété des paramètres à prendre en considération et l’évolution permanente des normes nourrissent sa soif de complexité. « Je suis un matheux, explique-t-il, je m’amuse avec les variables. » En maîtrise à la Sorbonne, le jeu de la construction juridique particulier au droit social prend une dimension stratégique. Son attrait pour la matière se confirme. Après avoir obtenu le diplôme d’avocat, c’est en entreprise qu’il se forme, en tant que responsable juridique des relations sociales chez Metro Cash & Carry. Mais il finit par s’y sentir à l’étroit et décide de rejoindre Fromont Briens. « J’y suis arrivé, je n’en suis jamais parti, résume-t-il. Ce cabinet me permet d’approcher la matière comme je le souhaite. »
« De la R&D en droit social »
Son approche précisément, il la définit en un mot : « systémique », comme le contraire de l’analytique. « Je collecte l’ensemble des données, prends en compte l’intégralité des paramètres et cherche à adopter la vision la plus large, pour jouer sur tous les niveaux. » Avec un petit côté savant fou, il décompose ses dossiers en schémas et tableaux qui ornent les murs de son bureau. Une comparaison qui ne lui déplaît pas. « Aujourd’hui mon travail n’est pas de répondre à des questions juridiques. Je suis là pour utiliser le droit, pas pour le pratiquer. Je fais de la R&D en droit social. »
La rage du guerrier…
Benjamin Desaint avoue une tendance à la démesure dans son goût de la confrontation. Il reconnaît aussi que ses neuf collaborateurs ont tout intérêt à avoir en eux cet esprit de compétition pour travailler à ses côtés… Pour canaliser cette énergie débordante, il fait beaucoup de sport, du footing aux aurores, avant d’accompagner sa fille de cinq ans à l’école par exemple. Et il a une passion : le « close-combat », du corps-à-corps reposant sur des techniques létales.
… et son code d’honneur
Quand on lui demande si certaines affaires ont marqué son évolution professionnelle, il reste perplexe, avant de répondre : « Ce ne sont pas les dossiers qui font avancer, ce sont les gens. Ma réussite professionnelle, je la dois aux clients qui m’ont fait confiance quand je démarrais et qui m’ont suivi depuis. J’ai une reconnaissance profonde envers eux, ils m’ont construit. » La même conviction et la même droiture impriment ses propos lorsqu’il évoque Fromont Briens, dont il loue l’excellence comme l’esprit collectif : « On avance en équipe. » D’ailleurs, dans cinq ans comme dans dix ans, c’est encore chez Fromont Briens qu’il se voit, entouré des associés et de ses collaborateurs, qu’il aura fait évoluer.
• Son film culte : Pulp Fiction
• Il écoute du rap. En ce moment : Hugo TSR et Scylla
• Sa conviction : la vertu qui fait souvent défaut est le courage.Tout sauf « l’impuissance face à l’adversité »
Marie-Hélène Brissot