Les Opca sont toujours là
Début avril, Muriel Pénicaud a en effet présenté son projet de loi « Avenir professionnel », un texte qui fait des Opca les nouveaux « opérateurs de compétences ». La collecte des fonds mutualisés de formation sera désormais dévolue aux Urssaf, les organismes déjà collecteurs des cotisations sociales. Mais les Opca ne disparaissent pas pour autant : leur nouvelle mission est d’accompagner les entreprises dans la gestion de leurs besoins en formation et d’aider les branches à construire les certifications professionnelles. « Ils seront chargés de réfléchir aux métiers de demain, à l’évolution des métiers et de soutenir les petites et moyennes entreprises, explique la ministre du Travail. Les branches s’appuieront sur eux. » Le gouvernement entend ainsi replacer l’efficacité de la formation au cœur même du dispositif, et ce, avec une moindre utilisation des ressources.
La fin de la collecte
La mise en place historique de la gestion paritaire de la formation par les Opca remonte à 1971. Initialement, l’objectif était de mutualiser les fonds alloués à la formation professionnelle avant de les redistribuer. La garantie d’un système plus égalitaire pour les uns, une énième source d’injustice sociale pour les autres. L’Insee estime d’ailleurs que le système français de formation continue a globalement « accentué les inégalités sur le marché du travail » en profitant davantage aux cadres et aux techniciens qu’aux salariés les moins qualifiés. Sans compter le manque de transparence.
Bertrand Martinot, directeur général du pôle développement économique, emploi et formation de la région Ile-de-France, perçoit un autre avantage dans le transfert vers l’Urssaf des contributions : « Rappelons que la formation professionnelle est financée par une contribution des entreprises à hauteur de 1 % de leur masse salariale. Cela représente environ 7 milliards, gérés actuellement par une vingtaine d’Opca. Désormais, ces 7 milliards seront versés aux Urssaf, qui collectent déjà les cotisations salariales et patronales pour le compte de la Sécurité sociale. C’est une simplification pour les entreprises. Elles auront une déclaration sociale en moins à faire. »
Une montée en compétences
Les futurs opérateurs de compétences devront se focaliser sur leur cœur de métier : évaluer les contenus des formations, soutenir les entreprises dans la mise en place des dispositifs, et fournir des conseils avisés aux salariés. Un rôle qui requiert des Opca eux-mêmes la mobilisation de nouvelles compétences. Certains organismes ont déjà évolué vers des métiers d’accompagnement des politiques de formation et de gestion des compétences des entreprises. Mais ils devront aussi se saisir de la question l’apprentissage et de la co-construction des diplômes. Une approche pédagogique largement partagée par les acteurs du milieu : « Nous représentons 33 branches professionnelles. Sur 560 collaborateurs, seule une petite dizaine d’entre eux est chargée de la collecte. Notre métier est d’accompagner les transitions professionnelles », affirme Yves Hinnekint, directeur général d’Opcalia.
Une nouvelle cartographie
La réforme de la formation professionnelle amorce également un autre levier de transformation : les Opca devront se restructurer et collaborer entre eux afin de répondre à leur nouveau mandat d’opérateurs de compétences. L’exécutif souhaite en effet rationaliser le paysage des Opca en poursuivant la logique de réduction de leur nombre. Muriel Pénicaud a ainsi évoqué des rapprochements par secteur dans un souci de créer des « filières économiques cohérentes ». Des champs professionnels proches qui partagent les mêmes problématiques d’emploi et de formation auront donc vocation à fonctionner ensemble. Attendue pour la fin de l’année, la nouvelle carte des opérateurs de compétences fera l’objet de négociations avec les partenaires sociaux d’ici juin prochain.
A.M