Daniel Augereau, le self-made-man de l’intérim
« Aller chercher la chance »
Daniel Augereau est un autodidacte. Il s’est lancé très jeune dans le secteur du travail temporaire par goût pour les relations humaines. Il raconte qu’il noircissait sa moustache avec le charbon d’une allumette pour se vieillir un peu, avant de rencontrer des patrons locaux pour les convaincre de lui faire confiance. Il est indispensable de savoir oser pour réussir, dit-il simplement. Oser aller à la rencontre des personnes surtout, ne pas hésiter à aborder celles qui vous impressionnent. Se dire « Tant pis, j’y vais ». Parce qu’il faut « aller chercher sa chance » explique le dirigeant. Bien entendu cette chance n’est rien sans le travail, mais cela va de soi. Le goût du travail doit être « chevillé au corps ». Il faut toujours faire des efforts, beaucoup d’efforts, mais « presque sans y penser » explique-t-il.
Prise de risques et culture familiale
Pour construire un groupe de l’envergure de Synergie, 2,3 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2017, présent dans 16 pays, il lui aura fallu prendre des risques. C’est ainsi qu’il a décidé très tôt de s’étendre à l’international, de parier sur la Chine, alors qu’aucun acteur du recrutement n’y songeait ou plus récemment de faire l’acquisition d’entreprises de service numérique. Mais le discours de Daniel Augereau est aussi empreint de prudence, de gestion maîtrisée. À l’écouter énoncer les préceptes qui le guident, l’expression « gestion en bon père de famille » prend tout son sens. Il évoque ainsi le refus de dépendre trop des grands comptes : 42% du chiffre d’affaires seulement, le reste étant constitué de PME et PMI. La culture familiale du groupe « très humaine » est une source de fierté pour Daniel Augereau qui évoque aussi le goût du travail d’équipe. « C’est comme au football, sourit-il, on ne peut pas compter que sur des individualités ! »
Vision et convictions
Chef d’entreprise avant tout, Daniel Augereau est aussi un homme de convictions. Il a longtemps pris des engagements politiques et a été pendant dix-huit ans vice-président de la région Pays de la Loire puis conseiller régional. Aujourd’hui il s’anime à l’évocation de l’état du marché du travail français. « Comment est-il possible que les entreprises ne trouvent pas les compétences dont elles ont besoin, alors que nous affichons neuf millions de chômeurs ! » s’insurge-t-il. Il regrette ainsi que les métiers manuels aient été délaissés. À ses yeux, l’une des réponses est dans la formation. Il préconise de miser sur l’apprentissage et d’inciter les entreprises à créer leurs propres écoles par exemple. Une vision moderne.
Marie-Hélène Brissot