Emploi des seniors : un tableau mitigé en 2018
Bien que la séniorité d’une personne puisse être définie par son expérience, c’est bien plus souvent l’âge qui détermine le statut de « sénior ». Comme le précise l’association A Compétences Égales, dans son enquête 2018 sur « Les Séniors et l’accès à l’emploi », aux yeux des candidats et des recruteurs, c’est à 50 ans que l’on devient senior. Du point de vue des responsables du recrutement en entreprise, le seuil de la séniorité est fixé à 45 ans.
Augmentation du taux d’emploi et recul du chômage
L’INSEE a publié en 2018 sa nouvelle étude « France, portrait social » qui s’intéresse notamment à la place des seniors dans la société française. L’étude révèle une légère augmentation du taux d’emploi des seniors simultanément à un recul du chômage au sein de cette même population. En 2017 le taux d’emploi des seniors a atteint son plus haut niveau depuis 1975 et culmine à 61,2%, soit une augmentation de 0,9 point par rapport à 2016. En comparaison, le taux d’emploi global (15-64 ans), qui s’élève à 64,7 %, n’a augmenté que de 0,2 point sur la même période. On observe en 2017 un recul de 0,3 point du taux de chômage des 50 ans ou plus.
Malgré cette légère amélioration, l’emploi des seniors reste un sujet de préoccupation. Comparée aux pays de l’Union Européenne, la France est mauvaise élève dans ce domaine. Selon l’étude DARES publiée en décembre 2016, le taux d’activité des 55-64 ans en France est en moyenne inférieur de 4,7 points à celui de l’UE à 28. Les seniors seraient, de plus, davantage touchés par le chômage de longue durée.
L’âge comme premier critère de discrimination
L’enquête menée par l’association A Compétences Égales révèle la persistance des préjugés sur la séniorité. Un candidat interrogé sur trois associe l’âge à des connotations négatives : les seniors seraient des personnes déconnectées du marché et du monde du travail.
Les cabinets de recrutement identifient d’ailleurs l’âge comme le premier critère de discrimination dans les demandes des clients avant le genre et le lieu de résidence. Les candidats partagent la même perception. L’enquête identifie plusieurs freins à l’embauche des seniors :
- Le coût,
- Le surdimensionnement par rapport au poste,
- La difficulté à être managé,
- La difficulté d’intégration au sein d’équipes plus jeunes
- La faible adaptation aux nouvelles technologies
Il est pourtant facile de tordre le cou à ces préjugés. Trois quarts des candidats interrogés se disent prêt à revoir leur rémunération à la baisse. Ils font également preuve de flexibilité : 90 % d’entre eux sont prêts à changer de type d’entreprise et ils sont plus de 9 sur 10 à pouvoir envisager un changement de fonction. De plus, comme le dévoile l’enquête, la difficulté d’intégration et le surdimensionnement sont davantage une crainte des candidats et des cabinets qu’une réalité au sein des entreprises. Le recrutement d’un sénior présente en effet de nombreux avantages. Les entreprises et les cabinets citent les critères suivants :
- L’expérience,
- L’expertise,
- L’autonomie,
- La capacité de recul
- Le goût de transmettre
Les candidats seniors sous-estiment souvent leur niveau d’expertise alors qu’ils gagneraient à le mettre en avant. Les préjugés qu’ils ont intégrés les conduits parfois à l’autocensure, ce qui dessert leur recherche d’emploi.
La balle dans le camp des cabinets de recrutement ?
C’est donc dans une logique de déconstruction des préjugés et de valorisation des profils seniors que certaines initiatives ont vu le jour dans le secteur du recrutement. Nous pouvons citer l’association Try me up créée par Amélie Favre Guittet, Directrice du cabinet de Conseil RH Madircom. Try me up permet aux entreprises de tester pendant deux mois les compétences d’un senior avant de se décider à le recruter.
Notre cabinet de conseil en management et ressources humaines, MoreHuman Partners, a également choisi de s’engager en faveur de l’emploi des seniors. Cet engagement se concrétise par le lancement du programme de parrainage MoreHuman 4 All, dès 2019. MH4All est une association d’intérêt général qui permet aux seniors en recherche d’emploi de bénéficier de 20h00 d’accompagnement personnalisé. Chaque bénéficiaire pourra ainsi être parrainé par un bénévole, professionnel actif, dans le cadre légal du mécénat de compétences. Ce programme a été développé afin d’aider les seniors en recherche d’emploi à mûrir leur projet professionnel, à élaborer une stratégie de recherche, à adapter leur posture et leurs outils de recherche et surtout, à gagner en confiance !
Pourquoi cette initiative ? En tant que consultants et recruteurs, trait d’union entre les entreprises et les candidats, nous sommes présents au cœur du marché du travail. Nous avons donc un rôle à jouer et une responsabilité à saisir dans l’évolution des pratiques de recrutement. Ce projet s’inscrit dans une politique plus large de promotion de l’anti-clonage auprès des entreprises afin que le potentiel des candidats prime sur les critères de sélection parfois trop cloisonnant et qu’il puisse être autant valorisé que leurs compétences.