Nathalie Fontaine (Renault Trucks) : « Nous avons tous des connaissances à partager »
Décideurs. Pourquoi avoir choisi de mettre l’accent sur la formation entre pairs ?
N. Fontaine : C’est un procédé efficace pour le collaborateur qui la reçoit et celui qui se trouve en situation de formateur se voit reconnaître plus de crédibilité de la part de l’apprenant qu’un formateur traditionnel puisqu’il est censé avoir déjà expérimenté ce dont il parle. Par ailleurs, la formation entre pairs facilite l’interaction et favorise l’apprentissage. De nombreuses études attestent qu’elle est plus puissante que la formation traditionnelle face à un sachant dispensant un savoir ou une théorie qui s’inscrit dans un rapport vertical. Pour le salarié qui entend transmettre ses connaissances, cela présente plusieurs avantages. En amont, il est incité à travailler la réflexivité, il se pose la question de ce qu’il sait et de ce qu’il a envie de transmettre. De plus, la préparation qu’il effectue en amont favorise l’ancrage des connaissances. C’est enfin une démarche très valorisante pour lui grâce aux retours de ses collègues de travail.
Comment cela fonctionne-t-il ?
Chez Renault Trucks, nous avons mis sur pied une école de ventes. La première année, les tuteurs des différents apprenants suivaient une formation classique au cours de laquelle, leur était expliqué les objectifs de leurs missions. Cela n’a pas donné pleinement les résultats escomptés. La deuxième année, nous avons eu recours à la formation entre pairs au cours de laquelle chaque tuteur partageait ses bonnes pratiques. Un groupe de pairs est ainsi créé et doit coconstruire un livrable à l’issue de cette formation. Afin d’être le plus professionnel, nous nous sommes appuyés sur une start-up spécialisée dans l’apprentissage entre pairs « WAP – We Are Peers ». Elle nous aide, par exemple, à bien définir les thématiques, à structurer les échanges et nous offre une plateforme de partage. La formation entre pairs requiert une vraie méthodologie. Et le résultat est là : pour ce qui est de la deuxième promotion de l’école de vente, nous avons franchi un cap qualitatif en matière de formation de nos tuteurs.
« Mettre les collaborateurs en mouvement, les inscrire dans une réflexion individuelle »
Vous avez prévu d’organiser une journée 100 % learning, de quoi s’agit-il ?
Partant du principe que la connaissance est déjà présente dans l’entreprise, que nous avons tous des connaissances à partager, nous avons décidé de monter une journée avec des ateliers, des conférences et des stands, plus classiques, où seront présentées les formations disponibles. Chaque collaborateur aura donc la possibilité de présenter les sujets de son choix ou d’assister aux ateliers ou conférences sur les thématiques que les apprenants souhaitent découvrir.
Quelle en sera la suite ?
Le groupe qui a porté cette première édition du 100 % learning - et dont je fais partie - aimerait vraiment que les choses leur échappent. Concrètement, l’idéal serait que les salariés portent les éditions suivantes tant dans l’organisation ou le format que le choix des thèmes. Notre industrie connaît de profondes mutations, comme l’arrivée des véhicules connectés ou de l’électromobilité, ce qui la pousse à se transformer. Nous souhaitons de ce fait mettre les collaborateurs en mouvement, les inscrire dans une réflexion individuelle, et au-delà, accompagner le développement des connaissances nécessaires pour ces nouveaux métiers.
Propos recueillis par Roxane Croisier