P. Berton (Maestrium) : "La crise représente un stress test grandeur nature de la solidité des comités de direction"
Décideurs. Quels enseignements les dirigeants doivent-ils retenir de la période ?
Philippe Berton. L’erreur serait à mon sens de minimiser l’importance tant de la crise sanitaire que de la crise économique en cours. La commettre conduirait les entreprises à ne pas prendre très vite les mesures pour s’adapter aux nouvelles règles d’organisation imposées par la situation. Or, cette adaptation doit se faire selon trois axes : la coordination, la communication interne et externe et la digitalisation. La coordination et la communication constituent de solides remparts contre la peur, la démotivation et la perte de sens que peut générer toute période de transition. L’environnement incertain et changeant dans lequel nous vivons, impose une communication transparente et fréquente à toutes les parties prenantes des entreprises. Quant à la digitalisation, aucune d’elles ne peut désormais s’en passer pour la pérennité de ses opérations. La fonction RH a un rôle déterminant dans le déploiement et l’articulation de ces trois axes que ce soit avec la mise en place de l’activité partielle, des mesures de sécurité sanitaire, des PSE ou encore des SIRH… Plus que jamais, les DRH apparaissent comme de véritables business partners pour les dirigeants d’entreprise.
On observe depuis la fin du confinement de nombreux remaniements de comités de direction, que cela vous inspire-t-il ?
La crise représente un stress test grandeur nature de la solidité des entreprises et de leurs comités de direction en particulier. Elle a mis à l’épreuve les capacités et les aptitudes des managers et a révélé ceux qui savaient s’adapter et raccourcir leurs circuits de décision. Certains se sont retrouvés en situation de suractivité pendant cette période, et d’autres n’ont pas toujours pu se montrer à la hauteur. Une période de crise ne se gère pas de la même façon que la gestion de l’activité courante, elle nécessite d’autres qualités managériales. Celle-ci demande de mobiliser des qualités différentes proches de celles présentes chez un coach sportif : il faut savoir soutenir ses équipes mais aussi les responsabiliser leur faire confiance, quitte à prendre du temps pour réfléchir avec eux sur l’organisation de leur télétravail compte tenu de leurs contraintes. Garder une motivation intacte de ses équipes en télétravail est un nouveau défi des managers.
Quel conseil donneriez-vous aux dirigeants pour la rentrée ?
Prendre le temps des retours d’expérience, et travailler sur l’agilité de l’organisation. Evolution du modèle économique, revue des canaux de distribution, digitalisation des processus, relocalisations de sites, … : les chantiers d’adaptation sont non seulement nécessaires mais aussi multiples. Il est rassurant de constater que la majorité des managers est dans cet état d’esprit comme le montrent les résultats de notre enquête « Et maintenant ? Priorités, leviers, actions : les dirigeants livrent leurs agendas » que nous avons lancée au cours du confinement auprès de 1.100 managers.
Philippe Berton, dirigeant de Maestrium
Propos recueillis par Raphaël Viot