La sixième édition de USpring, le Printemps des Universités d’entreprise, s’est tenue par écrans interposés. L’occasion d’interroger l’impact du digital sur l’expérience apprenant et l’acte de formation.

Ces dix-huit derniers mois ont bousculé pas mal de choses, même dans les entreprises déjà très orientées sur les formations digitales. "Nous avons gagné deux-trois ans sans problèmes", estime Jacques Adoue, executive VP HR & corporate social responsability chez Edenred. Plan d’urgence formation, groupes « parole et action », classes virtuelles: les équipes de Nexity ont quant à elles redoublé d’inventivité. « L’idée, explique Guillaume Ravix, directeur général de La Cité Nexity, était de tester un maximum de dispositifs et de distinguer ceux qui fonctionnaient… ou pas! ». 

Autre enjeu exacerbé par la digitalisation à marche forcée ? «  La nécessité de rendre les contenus les plus désirables possibles  ». Le directeur de La Cité confie être plus que jamais attentif à l’interdépendance du fond de la forme. Sans oublier de se mettre à la place de l’apprenant avec une seule question en tête : « Est-ce que ce module répond à mon besoin de consommateur de formation ?  » Au point de s’approprier les codes du e-commerce ?

L’apprenant, consomm’acteur

En l’état, pas de copier-coller. Mais, les entreprises s’inspirent davantage des pratiques marketing pour proposer aux apprenants des parcours individualisés et personnalisés. Dans leur quotidien, les collaborateurs se posent des questions en permanence. « Il faut donc, reconnaît David Jestaz, group HR & HR transformation chez Faurecia, pouvoir les dénouer sur le moment, et non dans six mois, lors de la prochaine formation.  » Or, « le digital ient compte de cette urgence du juste à temps ». Il permet surtout une forme d’empowerment des apprenants « désireux de choisir librement outils, contenus et formats ».

« Une telle prise de pouvoir, analyse Dorothée Lintner, directrice pédagogique de l’Engie University, crée un précédent en venant questionner les pratiques des formateurs.  » Mais pas seulement. Beaucoup s’interrogent sur l’opportunité d’une ouverture illimitée, 24h/24, 7j/7, des plateformes LMS. Chez L’Oréal, la ligne rouge à ne pas dépasser est connue de tous. « Les formations prescrites le sont exclusivement sur le temps de travail. » Mais, poursuit Laurent Reich, le learning practice international director, « nous stimulons l’envie d’apprendre de façon continue par la recommandation de contenus à consulter àla demande quand les collaborateurs le souhaitent ». En revanche, rien n’interdit « de déclencher l’envie d’apprendre en poussant du contenu  ». Laurianne Le Chalony, chief people officer d’EcoVadis, plateforme d’évaluation des performances RSE, file la métaphore commerciale en comparant l’acte de formation… à du lèche-vitrines! «  Désormais, précise-t-elle, on est dans une forme de flânerie qui encourage la curiosité et valorise le fait d’apprendre à trouver du contenu ». Le risque ? Ressentir une grande lassitude… comme après une interminable séance de shopping. Micro, macro, vidéo, tuto, peu importe. « Il s’agit, remarque Pierre Daubas, partner au sein du cabinet Julhiet Sterwen, de ne pas céder à l’effet de répétition en jouant la carte d’une offre multimodale et multicanale ». Autre erreur à éviter? Prendre trop à la lettre l’analogie entre formation et consommation.

L’apprenant, un animal social

Contrairement à cette dernière, «  la formation constitue un effort qui demande du temps ». Quoi de mieux dès lors, pour rendre cet effort moins laborieux, que de s’y confronter à plusieurs? Un, deux, tous: jamais, observe Dorothée Lintner, l’adage «  j’apprends seul pour le confronter à deux pour ensuite l’élargir au plus grand nombre » n’a trouvé meilleure caisse de résonnance.

La technologie devient un levier pour l’apprentissage entre pairs qu’il se décline sous la forme de communautés de pratique

Le digital décuple, en effet, le besoin de sociabilité. Mieux, la technologie devient un levier pour l’apprentissage entre pairs qu’il se décline sous la forme de communautés de pratique ou de social learning. Ce dernier, explique Alexandre Cornu, directeur commercial de Beedeez, «  lutte contre l’isolement des apprenants  ». En reconnaissant «  l’expertise des salariés  », il permet surtout « de décentraliser la production de contenu sans externaliser ». Le défi pour les responsables formation? «  Accepter de ne pas tout contrôler.  » Mais, pour Isabelle Daubié, head of learning & HR digital des Apprentis d’Auteuil, le jeu en vaut la chandelle. Si la digitalisation oblige à sortir de sa zone de confort, elle impulse un nouveau souffle au collectif que constitue toute entreprise. « Coconstruction des savoirs  », «  compétition saine entre salariés  », managers acteurs de la formation: autant de garanties pour des parcours en temps réel et au plus proche des réalités terrain. In fine, ce sont les liens entre organisations et collaborateurs qui s’en trouvent renforcés: les seconds se forment et montent en compétence tandis que les premières peuvent exprimer tout leur potentiel. Et ce, conclut Yann Coirault, responsable de la signature pédagogique de CSP Docendi, «  même si, une fois meilleurs, les salariés les quittent »!

Par Marianne Fougère

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