Benjamin Revcolevschi (Fujitsu) : "Faire revenir les équipes sur site à 100 % n’est pas dans nos projets"
Décideurs. La crise sanitaire a-t-elle changé votre vision de l’organisation du travail ?
Benjamin Revcolevschi. Au quotidien, nous accompagnons beaucoup d’entreprises vers de nouveaux modes de collaboration. Cela nous a certainement permis d’être mieux parés que d’autres à la crise. Un accord sur le télétravail avait été signé en 2014 pour 25 % des effectifs. La culture du travail en distanciel était déjà installée. À présent, nous créons un modèle hybride. Un nouvel accord recommande huit à dix jours par mois de télétravail. Nous souhaitons maintenir un équilibre avec des jours sur site et d’autres à distance. Le télétravail est un vrai bénéfice pour les salariés qui gagnent en temps de transport, mais aussi en sérénité. Faire revenir les équipes sur site à 100 % n’est pas dans nos projets. Les collaborateurs sont encouragés à accepter ce modèle hybride. Cette transformation exige de notre part une vigilance dans la façon dont nous les accompagnons. Nous finançons par exemple leurs équipements et fournissons des écrans, des sièges pour leur assurer un certain confort de travail à domicile. Par ailleurs, des points d’échange fréquents entre les managers et leurs équipes se sont mis en place.
En juillet, l’entreprise parisienne a déménagé d’Asnières à La Défense. Qu’attendez-vous de ce déménagement ?
Ce projet date d’avant la pandémie. Nous avons toujours souhaité être acteurs de la transformation de l’entreprise. Nos nouveaux locaux sont conçus avec deux tiers des espaces dédiés à la cocréation. Se rendre sur son lieu de travail doit devenir une expérience enrichie. Il est inutile de se rendre dans les bureaux pour être seul derrière son ordinateur. Il faut laisser de la place au travail d’équipe. Nos deux mots d’ordre sont collaboration et innovation. Avec la mise en place du travail hybride en parallèle, les managers repensent certaines de leurs missions. Nous réfléchissons sur la façon d’animer des réunions qui regroupent des personnes sur site et d’autres non. Nous planifions également la répartition des tâches à effectuer en présentiel et celles à privilégier en distanciel. Des bonnes pratiques sont à instaurer. Ce déménagement est une façon d’offrir à nos collaborateurs un nouvel écrin et ainsi de générer une autre approche du travail.
Cette démarche s’inscrit dans le cadre du dispositif mondial Work Life Shift. En quoi consiste ce programme ?
Work Life Shift se concentre sur l’idée que la flexibilité est le meilleur atout pour nos collaborateurs. Cela offre aux employés plus d’autonomie et de responsabilité. Au niveau mondial, le groupe est perçu comme un précurseur sur la question du télétravail. En effet, au Japon et dans le reste du groupe, nous sommes déjà quasiment en full remote. Le taux de satisfaction des salariés s’est nettement amélioré. L’un des volets de ce programme comprend le fait de veiller à leur santé mentale et physique. La communication avec les équipes est cruciale. À présent, notre point d’information business avec toutes nos équipes est passé de une à deux fois par mois. De même pour notre point d’échange entre les managers.
"Nos deux mots d’ordre sont collaboration et innovation"
Le télétravail crée des entreprises plus étendues...
En effet, nous traversons une période charnière et l’ensemble des entreprises se dirigent dans le même sens. À présent, l’outil numérique est bien accepté. Le télétravail peut donc s’effectuer facilement. Le digital permet de mobiliser davantage de partenaires mais aussi de créer des événements pouvant toucher plus de monde. La barrière pour accéder à certains d’entre eux est moins difficile à franchir grâce à la visioconférence. Nous avons fait cette expérience lors d’un « déjeuner japonais connecté » pour nos partenaires conseil : 60 personnes y ont participé durant deux heures. Les outils numériques renforcent notre écosystème. Mais il ne faut pas en rester là. Nous allons tous chercher à nous différencier, à revaloriser notre marque auprès de nos clients et de notre marque employeur. Il est important de penser dès à présent aux futures valeurs ajoutées de notre entreprise.
Propos recueillis par Elsa Guérin.