Le groupe Derichebourg compte actuellement 35 000 salariés et les ouvriers représentent environ 80 % des effectifs. Malika Bouchehioua, DRH groupe, explique pour Décideurs les politiques RH mises en place face à l’inflation.

 Décideurs. Quelle stratégie RH avez-vous développée face à l’inflation ?

Malika Bouchehioua. L’inflation soulève de nombreuses problématiques. Concernant les collaborateurs en première gigne, leur revendication de hausse des salaires est très importante. De leur côté, les dirigeants sont confrontés à la peur d’une éventuelle récession. Nous devons trouver des astuces et faire au cas par cas pour ne pas déstabiliser l’ensemble des parties prenantes.

Une augmentation générale des salaires n’est donc pas envisageable ?

Concernant les collaborateurs les moins bien rémunérés, souvent à hauteur du smic ou légèrement au-dessus, cela serait inenvisageable de ne rien faire. Faire l’impasse sur l’augmentation des bas salaires est inaudible. Les entreprises peuvent se permettre une augmentation de 5 % ou 6 % du smic. Pour les autres collaborateurs, la prime de partage de la valeur mise en place par le gouvernement apparaît comme un dispositif idéal. Cela permet de donner un avantage financier plus ou moins important en une seule et unique fois plutôt que d’augmenter les salaires. La possibilité de faire des opérations « one shot » est particulièrement intéressante.

Les entreprises peuvent se permettre une augmentation de 5 % ou 6 % du smic

Quelles sont les réactions des partenaires sociaux ?

Je travaille beaucoup à marketer les avantages sociaux dont disposent les collaborateurs en plus de la rémunération. Les partenaires sociaux n’approuvent pas cela mais expliquer à chacun combien il gagne réellement, au-delà de son salaire affiché en bas de la fiche de paie, me paraît essentiel. Les plans d’épargne retraite, les accords d’intéressement, la prévoyance santé représentent autant de dispositifs que les entreprises doivent valoriser en matière d’offres sociales.

Je prends le risque de quelques démissions plutôt qu’offrir à certains collaborateurs désengagés un salaire au-dessus du marché

Des tensions sont-elles perceptibles entre cols blancs et cols bleus ? Il n’existe pas de tensions entre cols blancs et cols bleus mais chacun attend un geste de l’employeur. Tout le monde attend les résultats de la NAO et sa propre augmentation. Le point de vigilance reste de ne pas augmenter juste pour le faire. Je prends le risque de quelques démissions plutôt qu’offrir à certains collaborateurs désengagés un salaire au-dessus du marché qui les maintiendrait en poste sans qu’ils soient mobilisés. Ces négociations encouragent autant la fidélisation que les départs. Si les syndicats préfèrent l’augmentation générale, pour un DRH, il est difficile de décorréler une revalorisation salariale du mérite.

Comment définiriez-vous le rôle du DRH dans ce contexte social ?

Le bras de fer existe. Dans ce contexte d’inflation globale, je suis le porte-parole des salariés. En tant que DRH, notre rôle est d’assurer un climat social raisonnable.

Propos recueillis par Elsa Guérin

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