Les entreprises françaises ont recruté 308 000 cadres en 2022. Pour attirer les talents, elles ont dû revoir à la baisse leurs critères de recrutement et doper les rémunérations. Si les candidats bénéficient très globalement de la situation, des exceptions subsistent.
Cadres, vous êtes (plus que jamais) en position de force !
Les difficultés pour recruter perdurent. Pire, elles dépassent désormais leur niveau d’avant crise. Si les entreprises doivent toujours composer avec cette épine dans le pied, les cadres, eux, peuvent se réjouir de conserver leur position de force. Selon une étude publiée en mai par l’Apec, 64 % des sociétés de plus de dix salariés du secteur privé ayant recruté un cadre l’an passé ont eu du mal à embaucher, ce qui les a conduites pour 91 % d’entre elles à procéder à des ajustements.
Concéder pour recruter
62 % ont proposé des rémunérations en hausse par rapport à la fiche de poste initiale (contre 55 % en 2021). "Les grandes entreprises, disposant de davantage de marges de manœuvre sur ce levier, ont été relativement plus nombreuses à l’utiliser en 2022 (76 %)", précise l’Apec. En outre, la moitié des recruteurs ont revu à la baisse leurs exigences en matière de compétences techniques et d’expérience, permettant à des profils plus juniors d’accéder à des postes dans les secteurs les plus tendus comme l’informatique et l’ingénierie R&D. Plus rares sont les entreprises à avoir embauché des profils n’ayant pas le diplôme requis (31 %). Concernant les avantages accordés, "le télétravail reste un sujet qui suscite des oppositions". En 2022, les entreprises étaient moins nombreuses qu’un an plus tôt à vouloir accorder plus de jours de télétravail que prévu. Même s’ils ne disent pas oui à tout, les recruteurs se montrent prêts à consentir des efforts pour attirer les candidats dans un marché de l’emploi tendu. En 2022, les entreprises ont recruté 308 000 cadres, dépassant pour la première fois le seuil symbolique des 300 000 recrutements. Et 2023 devrait également être un bon cru. "Les entreprises devraient donc poursuivre l’adaptation de leurs pratiques de sourcing et de sélection des candidats tout en continuant à ajuster leurs critères de sélection", prédit l’Apec.
62% des employeurs proposent des rémunérations en hausse par rapport à la fiche de poste initiale
Quasi plein emploi
Cette dynamique dans les recrutements permet aux cadres d’atteindre le quasi plein emploi. "Avec un taux de chômage de 4,1 % contre 7,9 % pour l’ensemble des actifs, les cadres du secteur privé sont moins exposés au risque de chômage", commentait Gilles Gateau, directeur général de l’Apec à l’occasion de la sortie d’une étude en janvier sur le sujet. À noter que les demandeurs d’emploi cadres qui trouvent du travail sont "seulement" 35 % à l’avoir trouvé dans un métier qui correspond exactement à celui qu’ils recherchaient. Il leur faut donc faire preuve d’un peu d’adaptabilité. Par ailleurs, la situation de quasi plein emploi cache des situations contrastées. Par rapport aux cadres disposant d’un emploi, ceux à la recherche d’un travail comptent davantage de femmes (45 % contre 37 % pour les cadres employés), davantage de jeunes (32 % de moins de 35 ans contre 27 %), davantage de personnes moins diplômées et issues de quartiers prioritaires. Si globalement les cadres s’en sortent mieux que le reste de la population active, certains d’entre eux peinent encore sur le marché du travail. En revanche, une fois qu’ils y accèdent, ils se trouvent en position de négocier et n’hésitent pas à le faire valoir.
Olivia Vignaud