Les perspectives de croissance étant moins fortes que prévu, le gouvernement est contraint de réduire les enveloppes de certains ministères. Avec les budgets de l’écologie et de l’enseignement supérieur, celui de la mission Travail et emploi est parmi les plus touchés.
Budget de la Mission Travail et emploi : place aux économies
Malgré les appels à la prudence d’instances comme le FMI ou de l’OCDE concernant les prévisions de croissance en France, Bercy s’est obstiné pendant plusieurs mois à tabler sur un taux de 1,4% pour l’année 2024. Ce chiffre est finalement revu à la baisse et passe à 1%, contraignant ainsi le gouvernement à faire 10 milliards d’euros d’économies afin de rassurer les agences de notation. Cette somme sera exclusivement dégagée sur le budget de l’État selon le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, dont l’annonce publique du 18 février sonne comme un véritable (dés)aveu sur l’état de santé effectif de l’économie française. Le lendemain, le ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave, évoquait une coupe de 550 millions d’euros sur les fonds alloués à la mission Travail et emploi, avec des retranchements concentrés sur les trois dispositifs de formation que sont le Compte personnel de formation (CPF), les Centres de formation des apprentis (CFA) et le Plan d’investissement dans les compétences (PIC).
Les responsables syndicaux et patronaux ainsi que les organisations d’employeurs ont à peine eu le temps de manifester leurs inquiétudes que la publication du décret portant annulation de crédits du 21 février fixait en réalité la somme des économies relatives à la mission Travail et emploi à 1,1 milliard d’euros, soit deux fois plus que celle déclarée par le ministre délégué ! Selon le Journal officiel, la nouvelle répartition se fait entre l’accompagnement des mutations économiques et développement de l’emploi (863 millions d’euros), l’accès et retour à l’emploi (227 millions d’euros), l’amélioration de la qualité de l’emploi et des relations du travail (5 millions d’euros) et la conception, gestion et évaluation des politiques de l’emploi et du travail (3,5 millions d’euros).
La somme retranchée à l’enveloppe de Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, est parmi les plus élevées au sein des différents ministères et, même si elle est à relativiser par rapport à d’autres secteurs plus touchés en termes de pourcentage rapporté au budget global, cette coupe apparaît contradictoire avec les promesses de plein-emploi régulièrement formulées par Emmanuel Macron. Reste à déterminer les effets de ces nombreux rebondissements sur les dynamiques des récentes réformes visant à faciliter l’accès ou le retour à l’emploi, notamment auprès des jeunes.
Cem Algul