LBO France, le capital-investisseur hexagonal, compte porter la croissance d'IKKS en Europe après avoir renforcé sa présence dans Paris intramuros. 
Décideurs. Est-ce les dernières due diligences qui vous ont convaincus à racheter IKKS ? Avez-vous déniché là une pépite ?
Vincent Briançon. C’est un secteur que nous connaissons bien puisque nous sommes actionnaires de The Kooples. Nous savons donc que si le marché du textile français n’est pas facile, les segments premium et luxe accessible sont, eux, en croissance. Par ailleurs, nous avions déjà participé à l’enchère du printemps 2014, lorsque le groupe Zannier avait mis en vente IKKS. À l’époque, les attentes de prix ne convergeaient pas avec nos intérêts mais cela fait donc plus d’un an que nous suivons cette entreprise. Plus tard, de gré à gré, nous sommes revenus vers le vendeur en lui proposant de le « dérisquer » puisqu’il avait quand même investi 170 M€ à titre personnel dans cette affaire. Aussi, le rachat nous a intéressés car l’émission high yield réalisée en 2014 avait la particularité d’être portable, ce qui nous a fait gagner du temps et de l’argent. Au final, Roger Zannier réinvestit à hauteur de 30 % et nous reprenons IKKS en tant que majoritaire, avec 5 sièges sur 7 au conseil.

Décideurs. IKKS, en tant que tel, est-ce le parfait terrain pour activer tous les leviers traditionnels d’un fonds ?
V. B. Le groupe a fait preuve d’une grande résilience, il s’est développé, comme l’indique son Ebitda en croissance entre 2009 et 2014. Cela est rendu possible car la firme est positionnée sur un segment en croissance de 5 % par an, le casual chic. Parallèlement, IKKS demeure un portefeuille de marques : vous y trouvez IKKS Homme, Femme et Enfant, puis One Step et enfin I.Code. Ce groupe est ainsi diversifié avec plusieurs marques qui, bien qu’elles se situent toutes dans l’univers du luxe accessible, correspondent à différents segments du prêt-à-porter. Par conséquent, le risque classique d’échec d’une collection est minimisé puisque chaque marque a des équipes dédiées et est autonome tant au niveau commercial que du design.

Décideurs. Et l’aspect international ?
V. B. Le groupe a déjà bien entamé son expansion à l’étranger. Il réalise presque 20 % de son CA à l’international au travers d’implantations au Benelux et en Espagne. Au-delà de l’aspect international, IKKS reste surtout très performant dans l’utilisation des canaux de distribution : 67 % des ventes proviennent des magasins physiques (détenus en propre ou affiliés) contre 33 % via Internet, les grands magasins et les détaillants multimarques.

Décideurs. Que va devenir l’entreprise avec LBO France à ses côtés ?
V. B. Notre stratégie est dans la continuité de celle engagée par le management. Concernant les deux marques les plus développées, IKKS Femme et Enfant, l’idée est d’ouvrir de nouveaux points de vente en France avec un focus sur l’Île-de-France et Paris intramuros. Par ailleurs, considérant la taille d’IKKS (300 M€ de CA), nous souhaitons renforcer sa stratégie de communication. Nous avons donc prévu au sein du business plan un vrai volet marketing pour soutenir la marque, tant en ce qui concerne ses égéries que sa présence dans les médias spécialisés. À moyen terme, il est aussi prévu d’ouvrir plusieurs points de vente en Italie en commençant par la gamme Enfant et en Allemagne, plutôt en gammes Homme et Femme.

Décideurs. Et pour finir, quel est le potentiel de croissance évalué d’IKKS ?
V. B. Nous pensons que la société peut croître à un rythme supérieur à 10 % par an en organique et en ouverture. Par rapport à d’autres concurrents du luxe accessible, IKKS est encore plus accessible et a ainsi l’avantage de pouvoir descendre encore plus en profondeur dans un pays nouvellement conquis.


Firmin Sylla

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