Schneider Electric : l’énergie perpétuelle

Depuis plus de 170 ans, Schneider Electric fait figure de conquérant grâce à une ambitieuse stratégie de croissance externe et une capacité à remettre le pied à l’étrier après les crises les plus sévères.

Le potentiel de croissance d’une entreprise ne dépend pas de son âge, mais de sa capacité à gérer les périodes de transitions et à se reconvertir au gré des cycles économiques. Le groupe Schneider Electric l’illustre parfaitement. À 174 ans, l’entreprise française fondée par les frères Schneider a plusieurs vies derrière elle : de la mécanique à la sidérurgie en passant par la construction navale, elle a su se recentrer au fil des ans et des changements de leadership sur des métiers porteurs. Depuis le début des années 1980, c’est l’énergie électrique qui est au centre de la montée en puissance du groupe. Afin de s’imposer sur ce marché, Schneider mise autant sur sa croissance interne que sur la politique d’acquisitions ambitieuse qui fait désormais partie de son ADN. De 1984 à 2004, vingt ans suffisent à arrimer une quarantaine de sociétés européennes et américaines. Une ascension exponentielle qui se poursuit dans les années suivantes, le groupe allant jusqu’à doubler de taille entre?2005 et?2008.

Schneider fait de la résistance
Le géant français de la distribution électrique n’est pas, pour autant, épargné par la crise. En 2009, son chiffre d’affaires baisse de 15,7?% et son Ebit de 34,3?%. Toutefois, cette année difficile offre au groupe l’occasion de prouver sa solidité et sa réactivité : grâce à des économies s’élevant à 649?millions d’euros, Schneider Electric parvient à maintenir son résultat opérationnel au niveau élevé de 12,9?% des revenus, et à générer le montant historique de deux milliards d’euros de cash-flow. Le tout sans sacrifier les investissements en recherche et développement (R&D), qui représentent à l’heure actuelle 5?% du chiffre d’affaires.
Après des décennies de croissance, 2009 est donc l’année de la résistance. Le groupe ne perd pourtant jamais de vue le retour à une logique d’expansion. 2010 n’a pas encore commencé que Schneider Electric présente, en consortium avec Alstom, une offre de reprise de la filiale transmission et distribution (T&D) d’Areva. Finalement menée à bien en juin dernier, l’opération qui valorise la société à 4,1?milliards d’euros est l’une des plus remarquées en 2010.

Nouveau géant
Il s’agit aussi de l’une des plus belles acquisitions jamais réalisées par Schneider Electric, qui devrait avoir achevé d’intégrer la branche distribution d’Areva T&D à l’horizon 2011. Une fois les équipes fusionnées, le pôle énergie du nouveau géant comptera près de 20 000 salariés. Le chiffre d’affaires, avoisinant les 4,5?milliards d’euros, devrait être réalisé pour moitié dans les pays émergents où Areva dispose d’une présence solide. Enfin, et surtout, le groupe de gestion d’énergie est en passe d’accéder à une position particulièrement stratégique : celle de numéro un mondial de la distribution d’électricité moyenne tension.

Mutation du paysage
Ce mouvement s’inscrit dans un projet de développement plus vaste, dont l’objectif est clair : faire de Schneider Electric le leader des technologies d’efficacité énergétique. Car si la maîtrise de l’énergie est un sujet encore marginal dans beaucoup d’économies émergentes, il s’agit déjà d’une priorité en Europe, pour les gouvernements comme pour les entreprises. Développement des énergies renouvelables, des bâtiments à basse consommation et des voitures électriques sont autant de mutations du paysage énergétique qui influencent l’organisation des réseaux de distribution. Ceux-ci doivent évoluer vers plus de flexibilité afin de permettre aux utilisateurs de réduire leur consommation d’énergie et leurs coûts de maintenance. Schneider Electric l’a bien compris en intégrant Areva Distribution, qui dispose des outils nécessaires à la création d’un smart grid : un réseau «?intelligent » de distribution électrique, qui permettra au groupe de s’avancer sereinement sur la voie d’une croissance non moins brillante.

Lire notre interview d'Emmanuel Babeau, directeur général finances, membre du directoire

Les chiffres clés
• 15,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2009
• 34 % du chiffre d’affaires réalisés dans des pays émergents
• 5 % du chiffre d’affaires réinvestis en recherche et développement
• Plus de 100 000 collaborateurs
• 106 pays d’implantation

Dates clés
• 1836 : les frères Adolphe et Eugène Schneider font l’acquisition des mines, forges et fonderies du Creusot.
• 1949 : les branches construction, sidérurgie, électricité et nucléaire sont modernisées. Une stratégie de croissance externe et d’exportation est mise en place.
• 1981 : redéploiement stratégique. Le groupe se sépare des activités sidérurgie et chantiers navals, plus assez rentables.
• 1999 : le groupe est rebaptisé Schneider Electric après une série d’acquisitions de poids (Télémécanique en 1988, Square D en 1991 et Merlin Gerin en 1992).
• 2010 : acquisition des activités de distribution d’Areva T&D pour 1,1 milliard d’euros. Le groupe se hisse au 1er rang mondial de la distribution moyenne tension.