Le directeur financier du constructeur automobile français se félicite des efforts menés par toutes les équipes pour remettre le groupe dans le vert.

Décideurs. À mi-parcours 2015, PSA s’est-il refait une santé ?

Jean-Baptiste de Chatillon. Le déroulement du plan Back in the race est très positif. Pour une société automobile, il n’est pas supportable de connaître de grandes difficultés financières. L’inadéquation entre la morosité du marché européen et le niveau de nos frais fixes nous avait placés dans une situation de consommation de cash pour laquelle les solutions palliatives (réalisations d’actifs et cessions) ne suffisaient plus. Cela ne nous a pas empêché de conclure de belles opérations de M&A à l’image de la vente de Gefco pour 900 M€. On dit souvent que l’efficacité de ce type de transactions se mesure avec le temps, et bien en l’espèce, Gefco RZD est aujourd’hui l’un de nos fournisseurs stratégiques avec qui les relations se sont et professionnalisées.


Décideurs. Pourquoi une société automobile, plus que dans un autre secteur, a du mal à vivre avec ses difficultés financières ?

J-B C. D’abord, les sociétés automobiles doivent régulièrement lever des fonds pour leurs banques captives. Ensuite, lorsque vous n’avez plus les reins aussi solides que dans le passé, il est très compliqué de vendre des voitures : en B2C, vos concurrents vont se servir de cet argumentaire pour favoriser leur propre commerce. Enfin, c’est une industrie où les gains « achats » avec les fournisseurs sont absolument nécessaires à la productivité, or les fournisseurs sont sensibles à la santé financière des fabricants. C’est compréhensible dès lors que, pour un modèle de véhicule, nous travaillons 4 ans en amont avec lui, pour une durée de vie de l’automobile de 7 ans, et des pièces de rechange dans le commerce pendant 10 ans. Par conséquent, en 2012-2013, PSA était en complète situation de faiblesse vis-à-vis de ses partenaires.


Décideurs. Et c’est à ce moment-là qu’intervient le projet de recapitalisation pour relancer le groupe et redonner la confiance au marché ?    

J-B C. Absolument. Avec l’État d’une part, et Dongfeng d’autre part, sans oublier l’appui des actionnaires existants, l’une des plus belles opérations de refinancement en 2014 s’est jouée avec la recapitalisation de notre société à hauteur de 2,9 Md€.


Décideurs. À date, estimez-vous que ces différents apports furent suffisants pour le plan Back in the race ?

J-B C. Oui. Nous sommes en avance sur tous nos leviers de performance. Le pricing power s’est amélioré : par rapport à nos concurrents et à qualité de produit équivalente, nous arrivons progressivement à fixer des prix similaires. Avec nos fournisseurs, nous sommes revenus dans un cercle vertueux de productivité grâce à l’excellent travail de nos ingénieurs notamment, générateur d’économies se comptant en dizaines voire centaines de millions d’euros. Enfin, nous sommes également en avance sur la baisse de nos frais fixes grâce aux bonnes négociations menées avec nos partenaires sociaux sur la base de l’intérêt de l’entreprise.


Décideurs. Au-delà de la recapitalisation, la gestion financière vous a-t-elle permis d’améliorer votre position de liquidités ?

J-B C. Aussi. Nous avons optimisé nos besoins en fonds de roulement. Alors que l’objectif était de réaliser 1 Md d’économies en trois ans, nous avons réussi à gagner un peu plus que ce montant en un an. L’accélération de la réalisation de ce levier reflète une énergie remarquable déployée par l’ensemble des managers du groupe, qui ont poussé leurs directions respectives à diminuer les stocks et améliorer leur marge opérationnelle. 


JHF, FS.

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