Le géant américain jette un pavé dans la mare en ouvrant sa propre épicerie. Les acteurs de la grande distribution, qui ont tous misé sur le drive, ont peut-être du souci à se faire.

Romain Voog, l’ancien P-DG d’Amazon France, ne croyait pas si bien dire en déclarant : « Nous ne nous interdisons rien » aux matins HEC-Challenges en mars dernier. Nouvelle terre en vue : les produits alimentaires non frais. Sans grande pompe, la société a ajouté à son site ses 30ème et 31ème catégories, l’épicerie et les vins et spiritueux. Contrairement à sa politique aux États-Unis, où le groupe a lancé Amazon Fresh, l’entreprise choisit de ne pas complexifier sa logistique contrainte par la chaîne du froid. Avec 34 000 références-produits, c’est un véritable hypermarché que la firme installe sur internet. Il ne s’agirait que d’une phase de tests mais elle pourrait déranger les différents distributeurs français puisque Amazon débarque avec une politique agressive de prix bas. Grâce à des programmes tels que « Économisez en vous en abonnant » ou « Amazon Premium », offrant la livraison gratuite en un jour ouvré sur de nombreux produits, le géant pourrait attirer des clients sensibles au prix.

 

La grande distribution compte sur le drive

Les acteurs traditionnels ne se sont pas réellement engagés dans l’alimentaire sur internet qui représentait seulement 3 % des ventes en ligne en 2013, soit 4,1 milliards d’euros. Carrefour a bien fait un pas de plus dans le digital en rachetant Rue du commerce mais dans l’électronique. La raison principale est qu’ils tiennent à faire ce qu’Amazon ne fait pas : offrir des produits frais sur internet. Pour cela une seule possibilité abordable existe, le drive. Ce mode de vente leur permet d’utiliser les différents canaux dont ils disposent. Le nombre de drives dépasse par ailleurs le nombre d’hypermarchés, il était de 2 600 mi-juin. Leclerc était premier en 2014 avec 462 points de retrait en France. Laurent Zeller, P-DG de Nielsen France, déclarait dans une interview aux Échos que ce segment serait bientôt à maturité et qu’il « devrait représenter d’ici 2018 entre 5,5 % et 7 % des ventes de la grande distribution alimentaire ».

 

Plus qu’une guerre de positions, ce sont des modèles qui s’affrontent. Les distributeurs français comme Casino avec son « clik and mortar », où l’entreprise réalise des ventes en ligne et dans ses magasins physiques, pensent l’avenir de la distribution comme un ensemble de synergies entre le « dur » et le Web. Le drive en est un exemple, d’après l’étude du Kanter Worldpanel Référenseigne du 11 septembre, il serait d’ailleurs « utilisé par 5,8 millions de foyers qui y consacrent environ 20 % de leur budget courses annuel ». Par ailleurs, Cdiscount qui s’ouvrait à l’alimentaire en 2013, reste le second site français de e-commerce. Amazon pénètre donc sur un marché déjà occupé.

 

S.S.S.

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