Arnaud Marion (Doux) : « Avec de la confiance et de la transparence, il n’y a pas de citadelles imprenables »
Décideurs. Vous avez mené le redressement de Doux, quels sont les résultats ?
Arnaud Marion. Nous avons réduit l’endettement du groupe : en trois ans, le passif est passé de 460 millions d’euros à 75 millions d’euros. Nous avons retrouvé la rentabilité : après avoir affiché des pertes annuelles comprises entre trente et soixante millions d’euros hors subventions européennes, nous avons réalisé un Ebitda de trente millions en 2015. Enfin, avec Didier et Martin Calmels, nous avons assuré la pérennité du groupe en le cédant à un acteur industriel majeur : Terrena.
Décideurs. À l’heure actuelle, le sauvetage de Doux est donc réussi, quelles conclusions tirez-vous de cette aventure de longue haleine ?
A. M. À l’issue de ces quatre ans, nous avons pu prouver qu’il n’existe pas de citadelles imprenables. Avec le travail de proximité, il est possible de créer un vrai plan de redressement et de rentabiliser une entreprise en mobilisant les cadres, les syndicats et les salariés sans sacrifier le progrès social en interne. Au sein de Doux, cela a permis de faire en sorte que tous les employés aient envie de la sauver. Ce qui n’était pas forcément le cas lors de notre arrivée.
Décideurs. Quel est votre « secret » pour créer un lien de confiance avec les salariés lors d’une situation aussi complexe que celle-ci ?
A. M. L’instauration d’un lien de confiance avec les salariés et les acteurs sociaux requiert un travail sur le long terme. Cela passe par l’honnêteté, l’écoute, la compréhension et la transparence. Il faut établir un vrai dialogue social, avec un partage d’informations à tous les niveaux de l’entreprise. Ainsi, il est nécessaire de leur faire prendre conscience de la situation et que leur intérêt n’est pas loin de celui de la société et inversement. Ils doivent comprendre que l’on est dans le même camp et qu’il s’agit au final de leur entreprise et non de la mienne. Cela implique également de leur apporter des preuves de ce dialogue social en accomplissant des actes forts.
Propos recueillis par Aurore Mariette