Directeur financier du groupe, Jean-Baptiste de Chatillon a su tenir le bolide PSA au cours de la tempête de ces dernières années. L’homme nous livre quelques secrets de sa réussite.

Décideurs. Votre évolution chez PSA a été marquée par la prise de fonctions financières mais aussi opérationnelles. Est-ce devenu, aujourd’hui, un atout indispensable pour un exercice optimal de la fonction de directeur financier ?

Jean-Baptiste de Chatillon. C’est fondamental. Mon parcours m’a permis de connaître différents postes en Europe, plusieurs métiers, et de développer une vision internationale, dans des fonctions commerciales, industrielles et techniques. L’exercice d’une fonction opérationnelle facilite la compréhension du business. C’est un vrai plus lorsque l’on veut être une force d’innovation et de proposition dans un comité de direction. J’ajouterais à cela un autre atout, celui de la solidarité. Je vis les mêmes succès, les mêmes défis et les mêmes contraintes que mes collègues. Tout cela crée une expérience qualifiante dont le mélange est très positif.

 

Décideurs. Dans le cadre du déploiement du plan stratégique « Back in the Race », vous avez conduit un programme d’amélioration des stocks et du BFR du Groupe. Quels en ont été les résultats et comment l’avez-vous mis en œuvre ? À quelles difficultés avez-vous été confrontés ?

J.-B. de C. Ce qui est intéressant, c’est de travailler en équipe et de l’animer d’un point de vue transversal, au niveau mondial. Nous avons ainsi réussi à développer esprit d’équipe au sein du Groupe. PSA a pu se rapprocher d’un optimum opérationnel et nous nous inscrivons dans une recherche permanente des meilleures pratiques. Nous avons constaté une réelle courbe d’amélioration, grâce à l’abaissement de notre point mort et à la remise en cause systématique des dépenses. C’est un travail très étonnant du quotidien. Il n’y a pas de petites économies, pas de gabegie. D’ailleurs, depuis le lancement du programme, nous n’avons pas fait appel à un seul consultant, ce qui est assez symbolique dans le secteur automobile. Cela permet une plus grande discipline et une appropriation des projets du Groupe. En chiffres, tout cela s’est traduit par un abaissement du niveau des stocks de 1,4 millard d'euros dès fin 2014, en un an, et une gestion de créances clients et dettes fournisseurs optimisée améliorant la situation de cash de 1,3 millard d'euros à fin 2015 par rapport à fin 2013.

« Je fonde mon management sur la confiance et la délégation »

Décideurs. Comment cultivez-vous le leadership de la fonction finance chez PSA ? Quel style de management souhaitez-vous impulser ?

J.-B. de C. C’est un leadership de service  ; nous ne nous posons pas la question de nous mettre en avant. J’estime qu’on ne peut trouver des chemins de progrès et de transformation que par la fixation d’objectifs ambitieux. Tout d’abord, il faut savoir décentrer les chemins de décision habituels, car c’est là que l’on crée de la compétitivité, de la performance. Puis, dans la construction de business plan, je demande systématiquement la réalisation d’un benchmark des concurrents. L’industrie automobile fourmille d’innovations. Ignorer les pratiques du meilleur de la place dans sa catégorie serait une erreur. Enfin, je fonde mon management sur la confiance et la délégation. J’essaye de ne pas m’impliquer dans le quotidien de mes équipes. Cela se voit dans mon agenda : une bonne partie de mon temps est consacrée à des sujets d’animation et de ressources humaines, très peu à l’opérationnel. J’estime qu’il est plus efficace de s’entourer des bonnes personnes et de déléguer en toute confiance

 

Décideurs. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes actifs souhaitant embrasser une carrière financière ?

J.-B. de C. Je leur conseille de se diriger vers ce qu’ils aiment faire, car c’est ce que l’on fait le mieux. L’important, c’est d’être heureux dans son job. Pour ma part, c’est cela qui m’anime. Lorsque je rencontre des collaborateurs en mobilité, j’essaye toujours de discerner ce qu’ils aiment faire. Enfin, je rappellerais que le financier qui tente de se mettre en avant par rapport aux fonctions business constitue un frein à l’activité de l’entreprise :  la direction financière est un métier de service !

 

Propos recueillis par Mathieu Marcinkiewicz

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