Bruno Le Maire aux Rencontres économiques d'Aix : « L’Europe c’est ma fierté, mais c’est aussi ma honte »

« L’Europe c’est ma fierté - l'Europe agricole, l'Europe de Galileo (GPS qui nous donne une indépendance vis-à-vis des États Unis)…- mais c’est aussi ma honte quand je vois le drame des migrants et la montée des inégalités ; quand? on supprime les aides aux "Restos du cœur", et qu'on en restreint d’autres aux plus démunis. ?J'ai honte quand, en Yougoslavie, on a revécu les exterminations de masse. J'ai honte quand des enfants et adultes se noient en Méditerranée et que l'Europe dit : "It is none of my business". On peut aimer l’Europe et dire qu’elle ne va pas dans la bonne direction.

2017 devra être l’année de la réinvention européenne. Le Brexit, sur ce plan, est une chance et il faut la saisir.? Le départ de l'Angleterre ouvre la voie à un nouveau traité qui permettra de clarifier le projet européen et les institutions, de protéger les frontières. Et oui, ce traité sera soumis à référendum. ?Il doit permettre de réinventer et valider un projet, pas de proposer de sortir de l'Union européenne. ?On dit que le référendum est l’arme des dictateurs ou des démagogues. ?Je ne le pense pas.

« Le Brexit est une chance et il faut la saisir »?

?

C’est à nous, Français, de redonner un sens à l’Europe, de requalifier le projet, de rappeler sa vocation. Quand une démocratie commence à avoir peur de son peuple ce n’est plus une démocratie. Je n’ai pas peur du peuple français et si je suis élu Président je lui donnerai la parole sur la construction européenne, par référendum.

Il est indispensable que l’on retrouve une relation d’égal à égal entre Paris et Berlin. Les nations qui sortent de l’Europe sont des nations qui s’affaiblissent. On le voit avec le Royaume-Uni : on a dit le Brexit essentiellement motivé par la question de l’immigration mais avec ce vote, on a fait peser sur l’Europe la responsabilité de ce qui relève des nations : l’immigration. »

Propos recueillis par Caroline Castets