Guillaume Salabert (Hopps Group) : « Pataugas est une belle endormie »
Décideurs. Guillaume Salabert, vous avez récemment créé Hopps Group avec Éric Paumier et Frédéric Pons. Cette nouvelle entité est d’abord le résultat de l’acquisition d’Adrexo et entretient également des relations privilégiées avec Colis Privé. Pouvez-vous nous revenir ces synergies ?
Guillaume Salabert. Nous avons d’un côté Colis privé, une entreprise spécialisée dans la distribution de colis au domicile des particuliers. Cette entreprise a la particularité d’avoir 25 % de son capital détenu par le géant américain Amazon. Ce soutien garantit un volume d’affaires annuel important alors que ce marché est lui-même en forte expansion (+30 % l’année dernière). Ces dernières années, nos clients nous ont fortement incités à livrer en J+1 partout en France, ce qui demandait beaucoup d’investissements et des moyens logistiques et humains importants. En parallèle, Adrexo est une société œuvrant dans la diffusion physique et numérique d'imprimés publicitaire. Ce segment est encore le premier média utilisé par les acteurs du secteur du retail. Or, Adrexo dispose de plateformes logistiques en mesure de répondre aux besoins de Colis privé. De telles infrastructures constituaient donc un relais de croissance fort, ce que nous pouvons déployer grâce à des synergies industrielles, organisationnelles et commerciales rendues possibles par le fait que nous sommes actionnaires de ces entreprises.
Adrexo a connu plusieurs exercices déficitaires. La société a ainsi perdu 17 millions d’euros en 2015 et 22 millions en 2016.
Ce marché fonctionne en duopole. Adrexo n’a qu’un seul concurrent : Mediapost (le groupe La Poste). Le business model de l’activité liée à l’imprimé publicitaire est particulièrement complexe, aussi nous devons rétablir un équilibre, tant notre approche tarifaire que dans la qualité de nos prestations, pour nous assurer un développement pérenne. Les synergies avec Colis Privé vont également nous permettre de repartir en croissance grâce à de nouvelles activités. Tant et si bien que nous visons un retour à la rentabilité pour 2018. Un objectif réaliste qui implique un redressement effectué en moins de 24 mois pour Adrexo.
Pataugas était mise de côté chez Vivarte.
Qu’en est-il de Start'Hopps, votre filiale dédiée aux réseaux de distribution mode ?
Nous nous sommes investis dans le développement d’activités « fashion ». Nous étions déjà distributeurs d’une quinzaine de marques en wholesale. L’opportunité s’est présentée de remonter dans la chaîne de valeur avec l’acquisition d’une marque iconique telle que Pataugas. Hopps Group intègre donc des activités parfaitement complémentaires : le média, la livraison, des réseaux de distribution et les produits.
Faire l’acquisition de Pataugas, c’est un vrai pari !
C’est une marque qui était mise de côté chez Vivarte. Nous souhaitions simplement redonner une nouvelle dynamique à une belle endormie. La marque dispose d’un potentiel de développement très fort. Nous avons repris l’ensemble des effectifs. Nous n’étions pas là pour faire des licenciements, on s’y était engagé.
La reprise de Pataugas auprès du groupe Vivarte appelle-t-elle d’autres acquisitions ?
Dans un premier temps, nous allons apprendre. Le fait de détenir une marque implique une parfaite maîtrise des problématiques liées à la création et à la mode. Le groupe réalisera 530 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017 et emploie déjà 20 000 salariés en CDI. Nous sommes ambitieux : nous visons un milliard d’euros dans cinq ans. Notre développement passera par de la croissance organique mais aussi par des opérations de croissance externe. À court et moyen terme, nous ne fermons donc pas la porte à des acquisitions de sociétés plus petites pour renforcer nos expertises.
Notre croissance passera par une présence en Europe
Y a-t-il d’autres maillons de la chaîne que vous souhaiteriez compléter ?
Nous pensons notamment à la partie logistique. Aujourd’hui nous sommes les spécialistes du premier et du dernier kilomètre. Nous étudierons les opportunités qui se présenteront à nous sur ce secteur d’ici 24 à 36 mois. Ce développement pourra passer par des rachats ou une joint-venture, tout est ouvert. Le fait d’avoir un groupe comme celui d’Amazon à notre capital est très rassurant.
Pensez-vous vous développer en dehors de nos frontières ?
On analyse, on réfléchit. On pense que notre croissance passera par une présence en Europe et pas seulement dans les petits pays limitrophes tels que la Belgique, la Suisse ou le Luxembourg.
Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurelien)