Chantiers navals de Saint-Nazaire : un accord sans concorde
La saga des chantiers navals de Saint-Nazaire approche de son épilogue : après le refus catégorique de l’État français de céder le contrôle de STX France à l’industriel italien Fincantieri, ce dernier vient finalement d’obtenir gain de cause. Mais Emmanuel Macron n’a rien perdu de son expérience de banquier d’affaires forgée chez Rothschild : en effet, si Fincantieri disposera bien de 51 % du capital du constructeur de grands navires, 1 % des titres sera directement prêté par l’État français (34,34 % des fonds propres) sur une période de douze ans. L’accord permettra donc à Paris de récupérer ce fameux « 1 % » en cas de non-respect des clauses contractuelles de la contrepartie transalpine, voire d’exiger son retrait total si STX France rencontrait de sérieuses difficultés. Naval Group (10 %), les salariés (2 %) et les sous-traitants de STX (3,66 %), complètent les bases du camp français.
D’une certaine manière, cette opération, présentée comme un pacte gagnant-gagnant du côté de l’exécutif, crée une situation assez inconfortable où chaque partie devrait épier les faits et gestes de ses partenaires. La santé financière de la cible et la transparence de ses relations d’affaires – notamment avec des concurrents chinois à l’affût du savoir-faire technologique des chantiers qui ont mis à l’eau le Normandie ou le France – décidera probablement de l’issue positive de ce partenariat.
Par ailleurs, le dossier STX France débouche sur l'ouverture d'un autre chapitre puisqu’un projet de rapprochement des activités de Naval Group (ex-DCNS), l’entreprise publique spécialisée dans l’industrie navale de défense, avec celles de Fincantieri sera aussi discuté dans les prochains mois. Un jeu de participations croisées (10 % de part et d’autre) pourrait émerger de ces négociations, ainsi qu’une mise en commun de leurs recherches et une offre de vente mutuelle pour les marchés étrangers.
FS