Le groupe spécialisé dans l’intérim est un champion de la croissance. Pour autant, il n’en oublie pas son précieux ADN familial, dont Roland Gomez fils, actuel président, est le garant.
Proman, la famille recordman
Proman affiche une croissance dont peu de groupes peuvent se targuer. Après avoir franchi le milliard de chiffre d’affaires en 2015, les 2 milliards en 2019, les 3 milliards en 2022, le numéro 1 de l’intérim en France et numéro 4 en Europe dépassait en 2023 les 4 milliards d’euros. Mais ces chiffres n’ont pas vocation à doper un cours de Bourse ou donner le sourire aux investisseurs. L’entreprise créée il y a presque 35 ans est toujours à 100 % détenue par la famille Gomez. Elle est également toujours basée à Manosque d’où elle tire son nom puisque Proman n’est autre que la contraction des mots professionnels et Manosque.
Destins liés
La carrière de son actuel président, et fils des fondateurs, est étroitement liée à la réussite de l’entreprise et vice versa. Roland Gomez et sa femme créent Proman en 1990. L’année suivante leur fils aîné – qui porte également le nom de Roland Gomez – décroche son bac. "Ma mère m’a dit que si je ne savais pas quoi faire je pouvais venir les aider. Quand une maman du Sud vous dit ça, c’est très clair. Nous nous y sommes tous mis", se rappelle celui qui a fait son alternance dans la société familiale. Les débuts du groupe sont un peu chaotiques. Alors que Roland Gomez père, autodidacte, entendait s’appuyer sur son expérience et son carnet d’adresses dans l’industrie, la guerre du Golfe assombrit les perspectives et l’entreprise fait affaire avec quelques clients pas toujours solvables.
"Nous gagnons des parts de marché même quand celui-ci est en baisse"
Mais la mayonnaise finit par prendre. Le nombre d’agences d’intérim se multiplie en France pendant dix ans. Dès 2012, Proman parie sur l’international. La stratégie du groupe, présent désormais dans 17 pays, est à peu près toujours la même : trouver une entreprise familiale locale qui souhaite s’adosser à un acteur plus important pour grandir sans pour autant perdre ses valeurs. En 2023, Proman pénétrait sur le marché italien à travers l’acquisition de la plateforme d’intérim digital Iziwork. Si le contexte économique se tend, la croissance reste, elle, au rendez-vous. Alors que le marché de l’intérim en France a perdu 7 % en 2023, l’entreprise affiche une croissance de 9,85 %. "Nous gagnons des parts de marché même quand celui-ci est en baisse. Cela a par exemple été le cas pendant le Covid en 2020", précise son patron.
Exemplarité
Sa force ? Ne jamais négliger les fondamentaux : proposer ses services et recruter. "C’est basique mais certains concurrents semblent l’oublier", estime Roland Gomez. Le succès ne serait pas si beau sans l’ADN familial qui marque de son sceau toutes les avancées du groupe. "Nous nous attachons à être exemplaires, à appliquer ce que nous promettons, martèle Roland Gomez. En tant que président, mon challenge est économique mais il consiste surtout à arriver à garder de la proximité avec nos clients et nos collaborateurs et à n’avoir qu’une seule parole." Roland Gomez partage également sa fierté de donner du travail aux gens. "Quand vous êtes partenaires d’un événement, comme nous l’avons été pour la Coupe du monde de rugby par exemple, vous ramenez des personnes vers l’emploi grâce à une actualité festive et cela donne du sens à notre métier", explicite le PDG.
La transition avec son père s’est faite "naturellement" puisque Roland Gomez fils a grimpé peu à peu les échelons jusqu’à la présidence. Son second fils, Romain, travaille également dans l’entreprise, mais il est spécialisé dans les sujets digitaux et d’innovation. "Les décisions importantes et structurantes sont toujours prises en famille, insiste Roland Gomez. Mon challenge aujourd’hui consiste à veiller à ce que Proman conserve cet esprit de famille du premier jour et à faire de la croissance, sans laquelle nous ne pouvons y parvenir." Les objectifs sont ambitieux : 6 milliards d’euros de CA d’ici à 2025. Si Roland Gomez concède qu’"il est souvent difficile de séparer la famille de l’entreprise", il ajoute que ses membres ont acté un temps mort entre le samedi midi et le dimanche. Ce qui n’empêche pas les trois fils de Roland Gomez, Paul, Jean et Roland, d’être sensibilisés à la vie du groupe.
Olivia Vignaud