Pimpant, l’autre façon de faire du business
C’était le phénomène business sur les réseaux sociaux en février dernier. Devant plus de 3 millions de téléspectateurs, Baptiste et Karline Hamain pitchent Pimpant, leur marque de cosmétiques spécialisée dans les produits rechargeables en poudre, afin de lever des fonds dans l’émission de M6 Qui veut être mon associé ?. Si le jury soutient le combat pour l’élimination du plastique et se montre enthousiaste face aux chiffres de l’entreprise (Pimpant triple chaque année son chiffre d’affaires depuis sa création en 2018 et sera rentable en 2024), le soufflé retombe brutalement quand les fondateurs évoquent leurs méthodes de travail, notamment la mise en place de la semaine de quatre jours pour leurs équipes. "J’entends une urgence climatique terrible et des gars qui y vont en tongs. Vous partez à la guerre en tongs", leur lance le célèbre créateur de Meetic et Angell Marc Simoncini. Les dirigeants échouent à boucler un tour de table sur le plateau. Le combat entre les représentants de l’ancienne manière de gérer une entreprise et la nouvelle génération, aurait-il été perdu par les seconds ?
Attirer les meilleurs
Visiblement non ! Sur LinkedIn et Instagram, Pimpant fait le buzz et sa prestation est saluée par nombre d’entrepreneurs et commentateurs. L’entreprise enregistre 200 000 euros de CA une heure et demie après son passage à l’antenne et plus de 30 000 nouveaux clients. L’équipe surfe sur la vague et rebondit à travers des vidéos amusantes sur les critiques qui lui ont été faites. Mais le sujet va bien au-delà de ces séquences : "On ne fait pas la guerre en tongs, affirme Baptiste Hamain. Je veux recruter les meilleurs, qu’ils soient au maximum de leurs capacités et les garder. Pour cela il faut un équilibre général entre vie professionnelle et personnelle."
"Je vois également mes collaborateurs comme des sportifs de haut niveau : il est important qu’ils se reposent et fassent autre chose que travailler afin d’être plus performants"
La semaine de quatre jours y participe ainsi que le télétravail à temps plein pour près de la moitié des 100 personnes qui œuvrent chez Pimpant. "La semaine de quatre jours permet d’éliminer tout ce qui est inutile, précise Baptiste Hamain. Je vois également mes collaborateurs comme des sportifs de haut niveau : il est important qu’ils se reposent et fassent autre chose que travailler afin d’être plus performants." Il ajoute : "Pour que cela fonctionne au quotidien, trois choses sont nécessaires : une vision, la culture de l’écrit et l’utilisation d’outils pour optimiser son temps."
En ce qui concerne la vision, les collaborateurs partagent le combat de Pimpant, à savoir éliminer au maximum le plastique à usage unique de la maison en proposant toute une gamme de produits (dentifrices, gels douche, produits ménagers, etc.) en sticks à rediluer dans l’eau plutôt que de vendre des bouteilles composées à 95 % d’eau. Les équipes ont un budget illimité pour venir sur place et se retrouvent quatre jours non-stop quatre fois par an pour échanger. Pimpant fait également la part belle à l’écrit. Si les réunions ne durent pas plus de 45 minutes, tout le monde doit avoir accès à l’information facilement, ce qui est permis par Slack ou encore une bibliothèque en ligne. "On ne changera pas notre manière de consommer si on ne change pas notre manière de travailler. En revenant à l’essentiel : prendre le temps de manger, de bien dormir, de s’occuper des siens, on se rend compte de ce qui est capital pour le monde de demain."
Usine française
Ce mois-ci Pimpant lance la production dans sa nouvelle usine à Dives-sur-mer qui pourra fabriquer jusqu’à 30 millions de sticks par an. Elle sera également composée d’une salle de classe pour sensibiliser les écoliers au combat pour l’environnement et ouverte au public. L’entreprise devrait réaliser 9 millions de chiffre d’affaires cette année. Un succès dû en grande partie à sa façon de travailler, selon Baptiste Hamain. Le dirigeant sait de quoi il parle pour avoir déjà monté avec son épouse une première entreprise, Fizzer, revendue plusieurs millions, qui ont été réinvestis dans Pimpant. La preuve par l’exemple.
Olivia Vignaud