Alors que Truffaut fête son bicentenaire, l’entreprise continue d’évoluer. Le spécialiste du jardin vise une clientèle de plus en plus large, notamment les jeunes, tout en continuant à travailler sur des sujets qui lui tiennent à cœur, comme la préservation de l’environnement. Retour sur la stratégie de Truffaut avec son directeur général, Sébastien Attina.

Décideurs. Vous avez travaillé pour Lidl, Toys’R’Us, Adeo. Pourquoi avoir rejoint Truffaut en 2021 ?

Sébastien Attina. J’ai un parcours 100 % retail. Dans ma jeunesse, j’ai travaillé l’été sur le carrelage [selon l’expression consacrée en retail] d’un hypermarché puis j’ai décidé de faire une école de commerce. Le goût pour ce domaine est arrivé sans jamais me quitter. J’ai exercé pendant vingt ans dans trois secteurs : l’alimentaire, le jouet et l’habitat. En 2021, un nouveau projet se présente, celui de servir une enseigne historique. Le jardin, le végétal, l’animalerie sont des extensions de la maison. Intégrer une entreprise dont les sujets tournent autour de l’impact positif de la nature, avec des marques "made in France" et de qualité, était important pour moi.

Quelle est votre feuille de route ?

Nous travaillons à construire un projet d’entreprise afin de mettre Truffaut sur les rails des 10-15 prochaines années. Quel sera le rôle de la jardinerie sur le long terme et quelle place doit avoir Truffaut sont les questions auxquelles nous avons voulu répondre. Les entreprises qui ont 200 ans d’existence ont l’habitude d’anticiper. Même si la période était trouble, en 2020, nous avons bénéficié d’une certaine bulle Covid. Les Français ont davantage pensé leur intérieur et leur extérieur. Aujourd’hui, la pandémie est passée et nous revenons à une activité plus régulière. Néanmoins, les végétaux continuent de jouer un rôle essentiel dans nos vies, par exemple dans la purification de l’air ou dans le maintien des températures à un niveau raisonnable. Nous sommes sur un marché qui évolue lentement mais nous sentons un enthousiasme croissant et durable. Les Français se rendent compte des bienfaits de la nature. Nous élargissons désormais notre clientèle à d’autres personnes que les experts et les passionnés, en rendant le meilleur de la nature le plus accessible possible avec des produits de qualité, à des prix justes, et des formations ouvertes à tous pour apprendre à planter et entretenir les plantes.

Truffaut a été certifié B Corp en 2022, un an après votre arrivée. Cela est-il de votre fait ?

On imagine aisément qu’une entreprise comme Truffaut a dans son ADN le type d’engagements qui mènent à cette certification. Nous ne serions pas là après 200 ans si nous n’avions pas d’impact positif. À mon arrivée, deux choix s’offraient à nous : devenir société à mission ou B Corp. Nous avons opté pour B Corp car cela permettait de certifier notre engagement et de rendre notre démarche plus indépendante. En 2022, après avoir été certifiés, nous avons également réalisé notre premier "manifeste des impacts positifs", avec des KPI année par année. Enfin, la Fondation Truffaut œuvre depuis dix ans en faveur de projets associatifs qui s’appuient sur les jardins et les bienfaits des animaux pour favoriser la réinsertion, le bien-être et lutter contre l’isolement en prison, dans les hôpitaux, les écoles, etc.).

"Je ne crois pas aux entreprises dont les collaborateurs ne contribuent pas à la stratégie"

Quelle est la recette pour maintenir l’héritage d’une entreprise tout en la projetant dans le futur ?

En élaborant des projets forcément collectifs. Tous sont coconstruits avec la mémoire des salariés dont certains sont là depuis trente ans. Ils connaissent leur métier et cela responsabilise chacun. Le meilleur moyen que les collaborateurs restent engagés est de les considérer. Nous avons également rendu visite à des habitants afin d’évaluer les besoins et les pratiques. Consulter nos clients nous permet de regarder vers un horizon un peu plus lointain et de nous faire atterrir sur quelque chose qui a du sens. Je ne crois pas aux entreprises dont les collaborateurs ne contribuent pas à la stratégie.

Comment adapter votre offre au réchauffement climatique, notamment en intégrant les restrictions d’eau ?

Notre offre évolue. Nous sommes capables d’amener les familles vers des produits plus résilients, moins gourmands en eau, comme les cactus. Nous travaillons également au développement d’outils autour de l’eau, comme les matériaux poreux en céramique qui distillent l’eau petit à petit ou des produits pour la récupérer. Nous avons aussi un rôle pédagogique. Il y a des restrictions d’eau mais celles-ci s’avèrent contre-productives quand elles reviennent à tuer les végétaux que l’on sait nécessaires pour drainer les eaux et faire baisser les températures. Ensemble avec la Fédération des jardineries et animaleries de France, nous faisons beaucoup de pédagogie sur ces sujets. Par exemple, des régions qui interdisaient l’arrosage en période de canicule, l’autorisent sur les plantes de moins de trois ans pour pouvoir bénéficier d’effets positifs sur le long terme. 

Vos clients évoluent-ils ?

Notre clientèle s’est rajeunie grâce à nos évolutions sur l’offre, les messages et les prix. Les jeunes s’intéressent davantage aux sujets liés à la nature et les plantes sont instagrammables. Truffaut se veut plus moderne, moins technique et plus accessible afin d’attirer davantage les plus jeunes et non pas uniquement les CSP+ avec un jardin ou un balcon. Nous sommes sur les réseaux sociaux avec la plus grande communauté de notre secteur tous réseaux confondus.

Propos recueillis par Olivia Vignaud

©photo : Agence Réa-2022

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail