L'historien Luc Mary signe "Rothschild : Splendeur et misère d'une dynastie" (Talent Éditions), un ouvrage sur l’incroyable ascension des héritiers de Meyer Amschel. Du ghetto de Francfort, en passant par Londres ou Paris, les Rothschild ont survécu à l’antisémitisme et à l’anticapitalisme. 

"L’aventure des Rothschild est d’autant plus grandiose qu’elle était improbable", résume Luc Mary, auteur de Rothschild, splendeur et misère d’une dynastie (Talent Éditions). L’historien aborde dans son nouvel ouvrage l’itinéraire de cette famille hors norme qui a commencé à faire fortune au XVIIIe dans le sordide ghetto de Francfort. Alors que les juifs étaient empêchés dans leurs mouvements en Allemagne et que nombre de professions leur étaient interdites, un homme va faire mentir le destin. Lui, c’est Meyer Amschel.

Les cinq flèches

Le premier des Rothschild est un passionné de monnaies antiques. Son savoir en matière de numismatique va lui ouvrir les portes de Guillaume de Hesse-Cassel dont il devient l’agent de cour et surtout l’éminence grise. Les cinq garçons de Meyer Amschel travaillent avec lui et mettent sur pied des succursales spécialisées notamment en financement en Angleterre, en France, en Autriche et en Italie. "Ses cinq fils vont devenir ‘les cinq flèches’ qui lanceront véritablement la dynastie Rothschild", commente Luc Mary.

"Les Rothschild, on connaît leur nom, pas leur front"

Ce qui a permis à la famille - dont le nom est tiré de l’écusson présent sur leur maison à Francfort - de maintenir son statut dans le temps : pendant longtemps, ne pas faire hériter les femmes afin de de ne pas diluer la fortune. Mais surtout "la réputation des Rothschild est fondée sur une triple solidarité : familiale, communautaire et sociale". Ceux qui ont été anoblis par François Ier d’Autriche en 1817 seront impliqués dans l’achat de terres en Palestine ou encore dans la modernisation du judaïsme et sont connus pour leurs actions philanthropiques.

Apolitiques

Cela n’a pas empêché Meyer Amschel de tremper dans le "trafic de chair à canon". Toutefois rien de politique là-dedans. "Les Rothschild ne sont pas politiques. Ils survivent aux différents régimes et révolutions, parfois en faisant fortune grâce aux événements. Ils n’anticipent pas le futur mais l’accompagnent. En revanche, ils sont visionnaires sur le plan technologique", rapporte Luc Mary. Les Rothschild ont notamment été banquiers de la coalition antinapoléonienne. En Angleterre, Nathan fera de bonnes affaires dans le textile, quand James en France misera gros sur l’industrie ferroviaire "alors que personne n’y croyait". Rien d’étonnant alors à ce que leur devise soit Concordia, Integritas… Industria.

Patriotisme vs solidarité familiale

"À partir du XXe siècle, c’est chacun pour soi. En France, les Rothschild sont français avant d’être Rothschild et Rothschild avant d’être juifs." La famille, qui a souffert financièrement de la révolution de 1848, va également être spoliée lors de la Seconde Guerre mondiale et perdre l’un de ses membres dans les camps de la mort. Mais les Rothschild savent se refaire. Ils le montreront notamment en revenant en force en 1986 après avoir subi sous Mitterrand la nationalisation de leur banque. Ce qui a fait dire à Guy : "Juif sous Pétain, paria sous Mitterrand, pour moi cela suffit !"

C’est son fils David auquel la famille doit le rebond français grâce à Paris Orléans, devenu Rothschild & Co. L’héritier aura néanmoins maille à partir avec Ariane de Rothschild (femme de feu Benjamin de Rothschild), représentante de la branche suisse de la famille qui l’attaquera sur l’utilisation du nom Rothschild pour les activités françaises. 

"Les Rothschild, on connaît leur nom, pas leur front", souligne Luc Mary. Son livre est l’occasion d’en savoir plus sur une dynastie hors du commun qui pourrait bien encore écrire son histoire pendant de longues années.

Olivia Vignaud

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