Anne Bassi (Sachinka) : "Tout consultant, manager ou dirigeant devrait être formé en coaching"

Décideurs. Vous avez commencé votre carrière en tant qu’avocate. Pourquoi avoir bifurqué vers le conseil ?

Anne Bassi. Ce n’était pas vraiment une bifurcation mais plutôt un prolongement de mon activité d’avocate fiscaliste. Je faisais du conseil et certains dossiers sur lesquels je travaillais nécessitaient une stratégie de communication et donc des actions concrètes adaptées aux enjeux de réputation et d’image des clients. Après dix ans d’exercice, j’ai eu envie de prendre un peu de distance avec ma profession et de me dédier à la gestion de croissance des cabinets d’avocats et sur leurs stratégies de développement. Aujourd’hui notre clientèle est composée d’avocats mais également de dirigeants, de fonds, de PME, voire d’hommes politiques. Ils gravitent tous de près ou de loin dans l’écosystème du droit. C’est important pour moi de maintenir cette proximité avec l’univers juridique. J’ai toujours été intéressée par les enjeux du droit, les évolutions législatives et leurs conséquences sur les personnes physiques et morales.

Qu’apportez-vous aux cabinets d’avocats ?

Contrairement aux entreprises classiques, les cabinets d’avocats ne sont pas encore suffisamment structurés en interne pour mener une réflexion sur leur développement, en France et à l’international le cas échéant, souvent par manque de moyens humains et de temps. Nous les aidons à définir leurs objectifs à court et moyen termes. Plus globalement, à se poser les bonnes questions sur leur positionnement actuel et futur mais également sur l’évolution de leurs marchés et secteurs ainsi que sur les attentes de leurs clients et prospects.

"J’ai toujours été intéressée par les enjeux du droit, les évolutions législatives et leurs conséquences sur les personnes physiques et morales"

Vous vous êtes formée à l’accompagnement personnalisé. Pourquoi ?

J’ai commencé à me former au coaching alors que j’étais encore avocate. J’ai complété cette formation à partir de 2009, juste après avoir créé Sachinka car je souhaitais mieux définir le cadre de l’accompagnement personnalisé ainsi que les frontières entre le coaching et le conseil afin de pouvoir ajuster ma posture. En réalité, tout consultant, manager ou dirigeant devrait être formé en coaching, voire en psychologie. Nous remarquons qu’il leur manque bien souvent les connaissances de base, ne serait-ce qu’en analyse systémique alors que leur métier les amène à accompagner un collectif.

Vous accompagnez des avocats dans la gestion de leur carrière. Quels sont vos conseils ?

Comme pour toute entreprise, la gestion de carrière implique un travail régulier en matière de business development, de communication et de ressources humaines. En business development, nous sommes régulièrement sollicités sur les méthodes et actions à mettre en place afin de mieux identifier et contacter les cibles jugées prioritaires. En communication, les demandes d’accompagnement concernent notamment le développement de la marque et le sentiment d’appartenance à celle-ci. La marque employeur est devenue un enjeu important du marché. Les enjeux de réputation et d’image sont également des préoccupations croissantes. L’amélioration des synergies entre associés et la nécessité de créer une impulsion collective sont des revendications récurrentes. Elles impliquent toutefois de prendre en compte les différentes personnalités des associés et donc les différences d’ambition individuelle et collective.

Propos recueillis par Olivia Vignaud